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ne vous laisse jamais oublier qu’il joue du violon, que les merveilles de mécanisme qu’il accomplit sous vos yeux sont de la plus grande difficulté et lui ont coûté bien de la peine, tandis que M. Sivori a l’air d’ignorer qu’il tient à la main l’un des instrumens les plus compliqués qui existent, et il vous chante comme une Malibran ou comme un fanciullo :

Che piangendo e ridendo pargoleggia.

P. Scudo.


REVUE LITTÉRAIRE.


L’HISTOIRE ET LA LITTÉRATURE EN DANEMARK.


Nous avons signalé tout récemment[1] quel ascendant avait acquis en Danemark, pendant l’année qui vient de s’écouler et pendant celles qui l’ont précédée immédiatement, les études d’archéologie et de statistique. La littérature religieuse, et celle qu’on peut appeler la littérature d’imagination, c’est-à-dire le poème, le roman, le théâtre, n’y sont pas restées stériles. Sincèrement protestante, la presse danoise publie chaque année un grand nombre de dissertations théologiques, de sermons et d’exégèses, sans égaler pourtant sous ce rapport l’activité un peu diffuse des presses américaine et anglaise. Cette littérature religieuse a surtout produit dans les dernières années les nombreux ouvrages de MM. Kierkegaard et Martensen, le premier animé d’une foi profonde et appliquant la méthode socratique à l’enseignement d’un dogme rigoureusement observé, le second se rapprochant davantage des méthodes du rationalisme, tous deux ennemis des systèmes sceptiques de l’Allemagne et tous deux popularisant leurs idées par le charme d’un style pur et élevé. Avec ces deux écrivains de talent, des hommes de mérite, comme le fougueux M. Grundtvig et le vénérable évêque de Copenhague, M. Mynster, donnent à la parole évangélique en Danemark la dignité et l’éclat. L’histoire religieuse, étudiée par de nombreux théologiens, y produit de nombreux mémoires, destinés soit aux différens recueils théologiques, soit à la section historique et philosophique des Actes de la société royale danoise. C’est dans ce dernier recueil qu’a paru tout récemment, pour être ensuite publié à part, un beau travail de M. Scharling, professeur de théologie à l’université de Copenhague, sur les doctrines, l’influence et la vie si peu connues de Molinos[2].

Le livre de M. Scharling mérite qu’on s’y arrête. Les luttes religieuses de l’époque dont il s’occupe ont été trop rarement étudiées. Le XVIe siècle avait été pour l’église une époque d’agitations et de déchiremens : le siècle suivant

  1. Voyez la livraison du 15 janvier.
  2. Michael de Molinos, Et Billede fra det 17 de Aarhundredes Kirke Historie (Michel de Molinos, Épisode de l’Histoire ecclésiastique du dix-septième siècle), in-4o, Copenhague, 1852.