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L’ASTRONOMIE EN 1852 ET 1853.

piques de la végétation et les mouvemens des insectes d’un bout à l’autre d’un jardin de grandeur ordinaire ; il verra enfin, par les ondulations de l’air, courir le vent sur les plaines et sur les collines, comme on le voit quand il fait ondoyer les épis d’une vaste moisson près de sa maturité. Déjà familier avec la vision télescopique, il substituera l’oculaire astronomique à l’oculaire terrestre, et, observant la lune avant son premier et après son dernier quartier, le soir ou le matin, il reconnaîtra les cavités arrondies de ses cratères volcaniques et les ombres que projettent les montagnes et les collines sur les plaines et sur le fond des abîmes des cratères. De jour en jour et presque d’heure en heure, l’aspect changera, comme changent les ombres terrestres, d’heure en heure, à mesure que le soleil s’élève ou s’abaisse. Tout cela se voit en tout temps. Voici pour 1853 : le 29 mars prochain, la lune éclipsera la brillante étoile Bêta, du scorpion ; l’étoile sera couverte par la lune vers midi trois quarts, et l’éclipse, quoiqu’en plein jour, sera parfaitement visible à la lunette astronomique. Une heure après, l’étoile reparaîtra à l’autre côté de la lune. Le même phénomène, avec la même étoile, se reproduira deux lunaisons plus tard, savoir le 22 mai prochain, au moment de la pleine lune. L’éclipse commencera à huit heures trois quarts du soir, et durera jusque vers neuf heures trois quarts. Dans la même année, la planète Mars sera éclipsée par la lune le 1er  août, un peu avant six heures du matin ; l’éclipse durera plus d’une heure un quart. La facilité de pointer sur la lune rendra l’observation sûre ; la planète disparaîtra du côté brillant de la lune, et reparaîtra à sept heures un quart du côté obscur de cet astre.

L’observateur, après avoir armé son oculaire d’un verre noir disposé tout exprès, verra en 1853, comme dans toute autre année, les taches noires du soleil, que rien ne nous peut faire prévoir jusqu’ici, mais qui manquent rarement pendant plusieurs mois. En suivant la position de ces taches, il s’assurera que cet astre dominateur de notre système planétaire, et qui est quatorze cent mille fois plus gros que la terre, tourne sur lui-même en vingt-cinq ou vingt-six jours.

La planète Vénus n’offrira point cette année ces beaux croissans analogues à ceux de la lune, qui font la délectation des amateurs d’astronomie populaire, et qui servirent si bien à Galilée pour prouver, d’accord avec Copernic, que la terre n’est point le centre des mouvemens des planètes. Ce ne sera que tardivement, le 28 décembre 1853, qu’elle nous montrera son disque à demi illuminé et coupé en deux, comme la lune à son premier et à son dernier quartier. Ses beaux aspects en croissans, à cornes très aiguës, ne se montreront qu’en 1854.

Mercure, quoique plus petit et plus difficile à voir bien nettement, offrira des croissans très aigus le 5 et le 16 avril 1853, le 13 et le 23 août, le 1er  et le 11 décembre ; il aura l’aspect d’une lune âgée de trois à quatre jours. Il sera préférable pour la netteté de la vision aussi bien que pour Vénus d’observer la planète avant la fin du crépuscule et quand le ciel est encore bien illuminé par le reflet atmosphérique des rayons solaires.

Mars n’offrira rien d’intéressant aux lunettes ordinaires,

Jupiter sera dans son plus grand éclat et dans sa plus grande proximité de la terre pendant le mois de juin, et à cette époque il sera en plein ciel à mi-