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comme en quantité les 13 millions d’hectares anglais. Presque pas de montagnes, très-peu de marécages naturels, de vastes plaines presque partout saines, un sol suffisamment profond et formé dans des proportions assez justes des élémens les plus favorables à la production, de riches dépôts dans les larges vallées de la Loire, de la Seine et de leurs affluens, un climat un peu moins humide mais plus chaud, moins favorable peut-être à la végétation des prairies, mais plus propre à la maturation du froment et des autres céréales, tous les produits de l’Angleterre, obtenus avec moins de peine, et avec eux des produits nouveaux et précieux, tels que le sucre, les plantes textiles, les oléagineux, le tabac, le vin, les fruits, etc.

Il serait facile de suivre pas à pas cette comparaison et d’opposer par exemple au comté de Leicester, qui est le plus naturellement fertile des comtés anglais, notre département du Nord, aux terrains crayeux du Wiltshire ceux de la Champagne, aux sables les sables, aux argiles les argiles, aux loams les loams, et de chercher ainsi pour la plupart des districts anglais un district correspondant dans le nord de la France. Cette étude de détail, qui ne peut pas être entreprise ici, démontrerait en quelque sorte, hectare par hectare, sauf un petit nombre d’exceptions, la prééminence de notre territoire; il n’y a pas de terrains, parmi les plus mauvais du sol français, qui ne rencontrât plus mauvais encore de l’autre côté du détroit; il n’y a pas de si riche sol en Angleterre qui ne trouvât chez nous son équiva1-ent et souvent même son supérieur.

Quant au pays de Galles, c’est un massif de montagnes couvertes de terrains stériles appelés moors. En y ajoutant les îles qui l’avoisinent et la partie du sol anglais qui le touche de plus près, il comprend 2 millions d’hectares, dont la moitié seulement est susceptible de culture. On trouve en France l’analogue du pays de Galles dans la presqu’île de Bretagne, dont les habitans sont unis aux Gallois par une origine commune; mais, outre que la Bretagne occupe relativement moins de place sur la carte de France, l’Armorique anglaise est naturellement plus âpre et plus sauvage que notre Armorique; l’analogie n’est vraiment complète que pour quelques cantons. Les cinq départemens bretons donnent un total de plus de 3 millions d’hectares.

Les deux parties de l’Ecosse ont une étendue à peu près égale, elles sont toutes deux bien connues par des noms que la poésie et le roman ont popularisés; les basses terres ou lowlands occupent le sud et l’est, les hautes terres ou highlands l’ouest et le nord; chacune de ces deux moitiés, avec les îles adjacentes, comprend environ 4 millions d’hectares.

La Haute-Ecosse est sans comparaison un des pays les plus infertiles et les plus inhabitables de l’Europe. L’imagination ne le voit