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Promenade
En Amérique.


PREMIÈRES IMPRESSIONS.

TRAVERSÉE. — NEW-YORK. — BOSTON. — UNIVERSITÉ DE CAMBRIDGE. — UN POÈTE AMÉRICAIN.


Quand on a parcouru l’Europe du nord au midi et mis le pied dans les deux autres parties de l’ancien monde, quand on a étudié l’antiquité en Grèce, en Italie, en Égypte, — le moyen âge et les temps modernes en Scandinavie, en Allemagne, en Espagne et en Angleterre, — le monde musulman, dont le caractère dominant est l’uniformité, au Caire et à Constantinople, — si on veut voir quelque chose d’entièrement nouveau, je crois qu’il faut aller en Amérique, du moins tant que la Chine ne sera pas ouverte et que la lune ne sera pas accessible. Voilà pourquoi je vais m’embarquer aujourd’hui à Southampton pour les États-Unis. Ce départ surprendra peut-être un peu ceux des lecteurs de cette Revue qui ont bien voulu me suivre dans d’autres pérégrinations, dont le motif se rattachait à la littérature ou à l’érudition ; à ces lecteurs assez bienveillans pour se souvenir de mes travaux, je répondrai qu’après avoir contemplé les monumens des sociétés du passé, j’ai été tenté d’observer dans son progrès une société nouvelle. Il était curieux sans doute de chercher à déchiffrer, sous des hiéroglyphes de quatre mille ans, une civilisation presque effacée ; il ne l’est pas moins peut-être de chercher à lire dans les traits d’une civilisation encore jeune ce qu’elle sera un jour. Les prodiges de l’industrie humaine, appelée à changer