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jours l’un, et qui n’est que la réimpression, moins les annonces, des deux numéros du Times, auxquels il correspond. C’est une combinaison imaginée en faveur des petites bourses qui ne peuvent faire la dépense d’un journal quotidien. Dans le même but le Herald, outre le Standard, possède encore le Saint-James Chronicle, avec lequel s’est fondu le General Evening Post, et qui ne paraît également que trois fois par semaine. Le Chronicle a publié longtemps un journal quotidien du soir qui portait son nom : après une interruption de deux ou trois ans, il a fondé, sous le nom d’Evening Journal, une feuille du soir qui paraît de deux jours l’un, et qui n’est chaque fois que la reproduction des deux numéros précédens du Chronicle. Le premier numéro de l’Evening Journal a été publié le 6 octobre 1851.

Les annonces des journaux du soir sont généralement peu nombreuses; elles peuvent se décomposer ainsi : quelques ventes immobilières, les livres nouveaux, et spécialement les romans, les revues et les brochures politiques, les annonces des gens qui en mettent partout, débitans de pilules ou de remèdes secrets, montreurs de curiosités, marchands d’objets confectionnés. Ce petit nombre d’annonces permet aux journaux du soir de ne paraître que sur quatre pages au lieu de huit, et leur format, en exceptant celui du Sun, est un peu inférieur à celui des grands journaux français. La distribution des matières est à peu près la même que dans les journaux du matin. La première page est consacrée partie aux annonces, partie à la reproduction des articles principaux des journaux du matin ou à l’analyse de leurs correspondances. Les articles politiques, les nouvelles du jour, la bourse, les nouvelles d’Irlande ou du continent, remplissent la seconde page. La troisième et la quatrième sont dévolues aux débats du parlement ou, en l’absence des chambres, aux comptes-rendus des réunions politiques. Les courses, les régates, les tribunaux occupent l’espace qui demeure libre. Le mode de publication de ces journaux nécessite une extrême rapidité dans la mise en pages : aussi chaque matière commence-t-elle en haut d’une colonne, et, quand elle ne suffit pas à remplir la colonne, le vide qui reste est comblé avec des historiettes, des citations de livres, des sentences morales composées d’avance à cet effet. Les journaux du matin ont également recours à ce procédé quand les séances de la chambre des communes, en se prolongeant dans la nuit, leur font craindre de manquer les convois du matin.

Avant de parler des recettes des journaux anglais, citons encore quelques chiffres qui donneront une idée des dépenses que ces recettes doivent couvrir. Le Times a paru le 26 mai 1851 avec un supplément; ce jour-là il a versé au trésor public 6,100 francs pour timbre, 1,600 francs pour droit sur le papier, et 2,200 francs pour droit sur les annonces, en tout 9,900 francs. En 1850, le même journal a acquitté 400,000 francs pour droit sur le papier, 500,000 fr. pour droit sur les annonces, et 1,670,000 francs pour timbre, en tout 2 millions 570,000 francs, soit en moyenne 8,210 francs par jour de publication. Quelles recettes ne faut-il pas à un journal pour supporter des charges semblables! Mais le jour où le Times acquittait 2,000 francs de droit d’annonces, il contenait de douze à treize cents annonces distinctes, et le supplément seul représentait une recette de 6,750 francs. Tous les journaux de la Grande-Bretagne, pris ensemble, publient annuellement un peu plus de deux millions