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l’argent veut-il dire or blanc. L’âge de bronze ou de cuivre vient après l’âge d’argent, puis l’âge de fer. Ceux qui ont élevé les tertres n’en étaient pas encore à cet âge ; ils employaient surtout le cuivre, et, en petite quantité, l’argent, qui accompagne le cuivre dans beaucoup de gisemens. M. Davies a cru reconnaître dans des masses de grès compacte une espèce d’enclume sur laquelle on battait le cuivre. De même que plusieurs nations de l’antiquité, ce peuple sans nom a touché de bien près à la découverte de l’imprimerie, si, comme le pense M. Davies, il avait des dessins tracés en relief, qui, enduits d’oxyde de fer pulvérisé, servaient à imprimer sur des peaux divers ornemens ; mais M. Davies ne croit pas que certains tubes creux aient pu servir, comme on l’a dit, à des observations astronomiques. C’étaient plus vraisemblablement et plus simplement des tuyaux de pipe. Ces antiquités offrent ceci de singulier, c’est qu’en général chaque tertre contient une classe particulière d’objets qui y sont entassés à l’exclusion des autres : ici des pipes, là des pointes de flèche en quartz, ailleurs un amas de ces plaques de mica, qui servaient probablement d’ornemens ou d’insignes. M. Davies pense que chaque sorte d’objets était consacrée, ainsi que le tertre et l’autel, à une divinité spéciale, et que les qssemens qui les accompagnent quelquefois appartenaient à un chef ou à un prêtre particulièrement attaché au culte de cette divinité, et qu’on ensevelissait auprès de l’autel.

Les autels ont été trouvés enterrés. Plusieurs des objets déposés anciennement sur ces autels portent visiblement la trace du feu. Comment expliquer ce fait ? Ces objets servaient-ils d’offrande ? Les autels ont-ils été enfouis pour être mis à l’abri des vainqueurs, quand le peuple inconnu fuyait devant des populations plus barbares qui l’auraient anéanti ? Ce qui est certain, c’est que ce peuple, quel qu’il fût, était en relations avec des points très divers et très distans de l’Amérique septentrionale. Il fabriquait des ornemens en os ou en coquilles, et les recouvrait de cuivre et d’argent ; il avait des couteaux d’obsidienne, pierre volcanique très dure employée par les anciens habitans du Mexique et du Pérou ; les yeux des animaux sont souvent figurés par des perles. Or le cuivre ne pouvait guère venir d’ailleurs que des bords du Lac Supérieur, l’obsidienne du Mexique, les perles du golfe auquel ce pays a donné son nom. En somme, la collection de M. Davies, unique dans son genre, — car aucune collection en Europe ne possède rien qui appartienne à cette classe d’antiquités, — serait une acquisition précieuse pour un musée européen. Je la voudrais pour la France.

M. Davies n’est pas seulement un archéologue passionné pour cette antiquité mystérieuse qu’il a contribué, plus que personne, à