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(tel était le total de la population civile en 1847) donneraient 496,413. Or, en complétant les familles des)industriels dernièrement recensés, on arrive à un nombre beaucoup plus considérable; je le prouve :


Nombres exprimés dans l’enquête Chefs d’établissement (hommes ou femmes) 64,816
Ouvriers adultes 204,925
Ouvrières adultes 112,891
Aides et apprentis au-dessous de seize ans 24,714

Je complète approximativement les familles en ajoutant seulement un enfant par ménage, savoir :


Nombres à ajouter Conjoints des possesseurs d’établissemens 60,000
Enfans ou ascendans à la charge des patrons 40,000
Femmes d’ouvriers sans profession et à la charge de leurs maris 60,000
Enfans d’ouvriers au-dessous de seize ans et non compris parmi les apprentis ci-dessus désignés 56,000
Total présumé de la population vivant de l’industrie 623,346

Comparativement à l’ensemble de la population parisienne, ce total exprimerait un rapport, non plus de 48 pour 100, mais de 60 pour 100. À ce compte, il resterait seulement 411,000 têtes pour les autres catégories d’habitans, qui comprennent, dans les professions libérales, tous les propriétaires et rentiers, les fonctionnaires de tous grades, le clergé, les hommes de loi et de science, les artistes de tous rangs et de toutes spécialités ; dans le commerce, tous les spéculateurs, depuis le grand négociant avec ses commis jusqu’au boutiquier et au marchand des rues ; dans la foule obscure, tout ce qu’il y a de domestiques, de portefaix, de manœuvres en dehors des manufactures, et puis enfin les cliens habituels des prisons, des hospices, des établissemens de bienfaisance. En ajoutant le personnel de ces diverses conditions au groupe qui, suivant l’enquête, forme la population industrielle, on arriverait à un total dépassant de beaucoup le relevé officiel des habitans de Paris[1]. J’incline donc à croire que le nombre des ouvriers a été grossi d’environ 10 pour 100, et je m’explique cette exagération en ce que beaucoup de fabricans, interrogés sur l’importance de leurs ateliers, auront indiqué le nombre d’individus qu’ils occupent au plus fort de leurs travaux.

Les déclarations des patrons élèvent l’importance collective de leurs affaires à 1,463,628,350 francs. Cette somme, exprimant le total des travaux et des ventes faites dans l’année, représente non-seulement le prix des façons, mais encore la valeur des matières employées par ceux qui fabriquent pour leur compte et revendent eux-mêmes leurs produits. Elle comprend donc, avec le labeur industriel, une notable partie du mouvement commercial. Ainsi les bouchers avancent peut-être 50 millions en achats de bétail, afin de débiter

  1. On objectera peut-être que le classement des professions n’est pas le même dans la statistique publiée par la préfecture de la Seine que dans celle qu’a dirigée la chambre de commerce; que l’on a rangé d’un côté parmi les commerçans des individus qui sont considérés d’autre côté comme industriels, et réciproquement. C’est après avoir pesé scrupuleusement toutes ces différences que j’ai formulé mon opinion.