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REVUE DES DEUX MONDES.

Vous dirigez, Seigneur, tous les coups qu’elle porte ;
Les plus durs sont toujours pour l’ame la plus forte.
C’est vous, dans la douleur, qui nous êtes présent ;
Vous ne nous visitez, mon Dieu, qu’en nous brisant.

Mais c’est alors aussi qu’à travers ses blessures,
La fleur exhale au loin ses senteurs les plus pures ;
Alors, mon Dieu, le cœur brisé par le chagrin
Vous livre ses vertus comme l’épi son grain,
Et mille odeurs ont fui de ses veines subtiles.
Qui dormaient jusque-là dans la plante inutiles.
Alors enfin versant, de l’argile ou de l’or,
Le flot immaculé qui s’y gardait encor.
L’homme à vos pieds répand, comme fit Madeleine,
Les plus divins parfums dont son ame était pleine.


II. — À UN ENFANT.

Après vos sœurs et votre mère,
Enfant au cœur tendre et soumis,
Que la nature vous soit chère:
Les champs sont vos meilleurs amis.

L’air des champs donne avec largesse
Comme un autre lait maternel ;
Il fait croître en âge, en sagesse,
L’enfant placé là par le ciel.

C’est la voix du monde champêtre.
L’aspect des prés verts, du lac bleu.
Qui vous feront le mieux connaître
Et chérir la bonté de Dieu.

Aimez donc les bois, la fontaine,
L’étang bordé de longs roseaux,
Les petites fleurs, le grand chêne
Tout peuplé de joyeux oiseaux.

L’air parle sous sa fraîche voûte ;
Le nid chanteur, dès son réveil,
Au pieux enfant qui l’écoute
Donne toujours un bon conseil.

Enfant qui devez être un homme,
Les bois vous diront des secrets;
Venez ! il faut que je vous nomme
Les grandes vertus des forêts.

Préservant la paisible enfance
De nos désirs et de nos maux,