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duction de 2,066,268,595 florins, sans compter une grande quantité de papier-monnaie perdue dans les désastres de la guerre.

Pour mieux expliquer ces opérations, nous dirons que celui qui, par exemple, en 1788, aurait changé 1,000 florins d’argent comptant contre la même somme en papier-monnaie recevait, vingt années plus tard, 280 florins, non pas en argent, mais en papier-monnaie, à la place de ses 1,000 florins ; six années plus tard encore, il était obligé de changer ses 280 florins contre 120 florins, toujours en papier-monnaie. Voilà cependant ce qu’un célèbre publiciste, M. de Gentz, le confident de M. de Metternich, disait n’être autre chose qu’une contribution indirecte. Dans une note écrite en français et intitulée : Fonction du papier-monnaie dans un système d’économie bien entendu, M. de Gentz dit : « La perte qu’éprouve le public par la dépréciation graduelle du signe monétaire n’est autre chose qu’une taxe plus ou moins sévère que lui impose le gouvernement pour faire face aux besoins extraordinaires de l’état. »

Lorsque, en 1840, M. de Kübeck fut placé à la tête de l’administration des finances de l’Autriche, il s’occupa activement d’une réforme du système financier. Les banquiers de Vienne exerçaient une grande influence, et la banque était devenue une sorte de monopole servant à faire de gros bénéfices au détriment de l’état. Malgré les efforts de M. de Kübeck, les finances de l’Autriche ne s’étaient pas sensiblement améliorées, lorsque la révolution de 1848 vint en augmenter considérablement les embarras. Une véritable panique s’empara des esprits, et l’argent comptant fut en partie enterré, en partie envoyé hors du pays. La défense d’exporter de l’argent ne fit qu’empirer le mal. Le gouvernement dut prendre des mesures pour satisfaire aux besoins les plus pressans, et ce n’est qu’après avoir complètement vaincu la révolution qu’il put songer à améliorer la situation financière.

L’état des finances de l’Autriche, pendant l’année 1851, se résume dans les chiffres suivans : la recette totale a été de 223,252,038 florins ; en 1850, elle n’avait été que de 194,296,457 florins. Les dépenses ordinaires et extraordinaires de l’année 1851 s’élevaient à 278,420,470 fl. ; il y avait donc un déficit de 55,168,432 florins. Le déficit de 1850 avait été de 56,384,591 florins. La rente de la dette publique est comprise dans le budget des dépenses de 1851 pour 52,472,731 florins ; en 1850, elle avait été de 49,075,528 florins. Le ministère de la guerre figure, dans le budget des dépenses de 1851, pour 111,999,292 florins ; dans le budget de 1850, il entrait pour 126,262,936 florins. Le budget des dépenses de 1851 comprend également 2,321,314 florins, valeur tant en argent qu’en sel, comme frais de guerre payés à la Russie pour son intervention en Hongrie, et 15,179,000 florins pour la mobilisation de l’armée en 1850. D’après un décret impérial du 15 mai 1852, le pa-