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LE ZOLLVEREIN ET L’UNION AUSTRO-ALLEMANDE.

tration des finances était en partie le résultat de la diversité des populations autrichiennes incapables de supporter toutes un impôt également fort, et en partie celui de faux principes d’économie politique. Ajoutons que, par suite de guerres prolongées, aucun autre pays n’a eu à supporter d’aussi lourdes charges. De 1770 à 1778, les recettes ordinaires de l’Autriche étaient en moyenne de 44,987,016 florins ; de 1807 à 1810, elles étaient de 142,214,588 florins. Malgré l’augmentation des recettes, la rente de la dette publique était montée, en 1810, à 29 pour 100, de 18 pour 100 qu’elle avait été en 1781. Par suite des malheurs que l’Autriche eut à souffrir lors de la guerre contre la France, la crise financière était arrivée, en 1811, à son dernier période. La valeur totale du papier-monnaie en circulation était montée à 1 milliard 060,798,800 florins[1], et quoique le gouvernement eût donné, par une proclamation, l’assurance la plus positive que jamais la valeur du papier-monnaie ne subirait aucune réduction, on vit paraître le fameux décret du 20 février 1811, qui réduisit la valeur totale du papier-monnaie à 212,159,760 florins. La valeur totale des monnaies en cuivre fut également réduite de moitié, et la moitié restante fut payée en nouveau papier-monnaie appelé Einlösungs-Scheine. La seule garantie que donnait le gouvernement autrichien en décrétant ces mesures était la promesse de ne plus faire une nouvelle émission de papier-monnaie ; néanmoins, le 16 avril et le 7 mai 1811, il jeta dans la circulation une nouvelle somme de 45 millions de florins en papier- monnaie, appelé Antizipations-Scheine. Plus tard, cette émission fut continuée, en sorte qu’en 1817 le papier-monnaie autrichien représentait une valeur totale de 610,095,930 florins. Le 1er  juin 1816 et le 25 juillet 1817 parurent deux nouveaux décrets dont l’effet fut une nouvelle diminution dans la valeur de ce papier. Les porteurs de papier-monnaie reçurent 2/7 en billets de banque, qui devaient avoir une valeur équivalente à de l’argent comptant, et, pour 5/7, une obligation de l’état rapportant 1 pour 100 d’intérêt, c’est-à-dire que pour 140 florins de papier-monnaie on recevait une obligation, en d’autres termes, un nouveau papier-monnaie représentant la valeur de 100 florins, et 40 florins en billets de banque. Par les nouveaux décrets de 1816 et 1817, le gouvernement instituait aussi une banque appuyée sur cent mille actions, pour lesquelles il fallait payer 1,000 florins en papier-monnaie et 100 florins en argent comptant. On avait le choix le faire la conversion de l’ancien papier-monnaie d’après l’un ou l’autre de ces deux systèmes. Des calculs faits récemment ont montré que, par ces diverses mesures, la dette publique de l’Autriche a subi une ré-

  1. Voyez O. Hübner, Für die Gläubiger Œsteireichs (Aux créanciers de l’Autriche) ; Vienne. 1849.