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LE ZOLLVEREIN ET L’UNION AUSTRO-ALLEMANDE.

L’activité de l’administration prussienne s’est fait sentir d’ailleurs au-delà des frontières du royaume, et elle a trouvé pour certaines mesures un concours bienveillant dans l’Autriche elle-même. C’est ainsi que l’Autriche a prêté la main aux négociations qui avaient déjà commencé sous la direction de M. de Nagler pour la conclusion d’une union postale austro-prussienne ; M. le baron de Kübeck, alors président de la chambre aulique en Autriche, a contribué beaucoup à la réalisation de cette réforme. La conférence qui a eu lieu en 1848 à Dresde ne put cependant avoir de résultat, par suite des grands événemens de cette année ; mais en 1850 le gouvernement prussien profita du séjour à Berlin d’un haut fonctionnaire du département des finances autrichiennes, pour jeter les bases d’une union postale austro-prussienne, dans laquelle pouvaient entrer les autres états allemands, ce qu’ils firent en effet dans le courant des années 1850 et 1851, en acceptant aussi l’abaissement des tarifs. L’union postale exerça une influence très heureuse sur le commerce international, surtout par l’effet des traités conclus avec la Hollande, la Belgique, l’Angleterre, l’Espagne, le Danemark, la Suède, la France et la Russie, qui amenèrent tous une accélération et une diminution de prix pour le transport des lettres. Les lignes télégraphiques de la Prusse, de l’Autriche, de la Bavière, du Wurtemberg et du royaume de Saxe ont également été réunies par un traité du 25 juillet 1850[1]. Ces réformes, accomplies de concert par les deux grands états d’Allemagne, montrent combien il serait facile d’élargir entre eux le terrain de la conciliation. Le rôle joué par la Prusse dans ces négociations était d’ailleurs dicté par l’intérêt des états de second ordre groupés autour d’elle. C’était encore cet intérêt, on le reconnaîtra sans peine, qui avait amené la formation du traité d’union douanière, connu sous le nom de Zollverein, et dont le maintien est aujourd’hui mis en question.

Lors de la reconstitution de l’Allemagne en 1815, ce pays était sillonné par une foule de lignes douanières tout aussi gênantes pour les voyageurs que pour le commerce. Aussi les membres du congrès de Vienne avaient-ils cru nécessaire d’introduire dans le pacte fondamental un article concernant l’organisation commerciale. Cet article (le 19e) n’ayant pas produit de résultat définitif dans les différens états allemands, le gouvernement prussien, par la loi du 26 mai 1818, posa la première base du Zollverein. Cette loi ne pourvoyait cependant qu’aux besoins de la Prusse comme état indépendant et n’appartenant à l’Allemagne que par une partie de son territoire. Néanmoins le sys-

  1. La longueur de la ligne télégraphique en Prusse est de 413 lieues d’Allemagne ; la ligne des chemins de fer a une longueur de 388 lieues et a coûté 150 millions de thalers ; la longueur des chaussées, qui, en 1816, n’était que de 419 lieues, est maintenant de 1,673 lieues.