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inexécutable du moment que les états de second ordre n’étaient pas décidés à accepter l’union. La situation qu’aurait créée une exécution incomplète du projet d’union pouvait avoir des effets déplorables. La partie méridionale voisine de l’Autriche aurait tôt ou tard été obligée de se rallier à cette dernière puissance, et l’union du nord de l’Allemagne, ayant pour ennemis l’Autriche et les états du midi, aurait dû chercher un appui dans une alliance avec la France ou avec la Russie ; autrement l’union avait trois ennemis puissans à ses côtés.

On connaît la fin de cette triste histoire : l’état provisoire, continué après le congrès des princes par la commission de Francfort, puis par les conférences de Dresde, se termina par un retour pur et simple à l’ancienne diète de Francfort.

Si nous jetons maintenant un coup d’œil sur la crise actuelle de l’Allemagne, si nous interrogeons les intentions des peuples comme les dispositions des princes, il faudra reconnaître que les premiers ont été cruellement désappointés après plusieurs années d’attente, que non-seulement leur enthousiasme est resté stérile, mais que plus que jamais ils sont désunis entre eux. Quant aux princes, ils sont blessés et dans leurs sympathies et dans leurs intérêts ; leurs conseillers ont conservé de la dernière campagne diplomatique une excitation passionnée, dont les effets ne peuvent que compliquer tristement la situation de l’Allemagne. Voilà les faits qu’il ne faut pas perdre de vue, si l’on veut comprendre la violence de la lutte qui s’est engagée sur la question douanière. Quelle douleur pour une nation pleine de vie et de puissance, qui sent profondément la nécessité d’une union étroite de tous ses membres, d’avoir complètement échoué dans ses efforts pour y arriver ! Et comment s’étonner de l’irritation qui se réveille au-delà du Rhin chaque fois que se reproduit, sous une forme ou sous l’autre, le problème tant de fois abordé avec enthousiasme et tant de fois abandonné avec découragement !

La période politique de ce grand travail, dont le but est une organisation meilleure des forces et des intérêts de l’Allemagne, a, comme nous venons de l’établir, traversé, depuis 1815, deux phases : — l’une d’inertie en quelque sorte systématique jusqu’en 1848, — l’autre d’activité aventureuse et stérile jusqu’aux conférences de Dresde. La question se transporte alors sur le terrain commercial, et c’est l’histoire des dernières éventualités de la crise qu’il nous reste à retracer, après avoir mis en présence, d’une part le Zollverein depuis ses origines jusqu’au traité du 7 septembre 1851, de l’autre les tentatives d’union austro-allemande, qui remontent à une date beaucoup plus récente.