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LE ZOLLVEREIN ET L’UNION AUSTRO-ALLEMANDE.

toire des négociations douanières poursuivies depuis deux ans en Allemagne se rattache, on le voit, à l’histoire générale du corps germanique, et c’est à ce titre qu’elle nous paraît mériter qu’on la suive dans toutes ses phases, dans ses mille péripéties tour à tour politiques et commerciales.

Deux sortes de difficultés, — les unes durables et d’origine ancienne, les autres passagères, — compliquent la question soulevée au-delà du Rhin par le renouvellement du Zollverein. Parmi les difficultés durables, il faut compter les rivalités nationales ; parmi les difficultés passagères, nous noterons la position nouvelle faite à quelques états de l’Allemagne, à l’Autriche particulièrement, par les événemens qui se sont succédé depuis 1848. Un exposé des complications purement politiques antérieures à 1848 et de celles que cette année a vu se produire doit donc nous amener à l’histoire des récens débats d’intérêts matériels dont ces luttes regrettables sont l’indispensable explication.


I.

On peut distinguer plusieurs périodes dans la crise qu’entretiennent en Allemagne depuis plusieurs siècles les divisions des membres du corps germanique. Depuis le XVIe siècle jusqu’à l’organisation de la diète de Francfort, le problème de l’union des états allemands traverse sa période militante et guerrière. En 1815 commence ce qu’on pourrait appeler sa période diplomatique. Enfin l’ère dont les négociations aujourd’hui pendantes semblent le prélude nous montre cette lutte se continuant sur le terrain des affaires, dans le monde des chiffres, où elle cherche encore son dénoûment.

La première période, on la connaît assez pour que nous nous bornions à l’indiquer. Qui a oublié les luttes sanglantes, les déchiremens intérieurs dont l’Allemagne a tant de fois offert le triste spectacle ? À l’heure qu’il est, elle n’est pas même entièrement guérie des blessures dont elle a été meurtrie par la guerre de trente ans. Que le cardinal de Richelieu, défendant exclusivement les intérêts de la France, ait vu avec satisfaction l’incendie qui dévorait les plus belles forces de l’Allemagne, rien de plus simple ; mais ce qui est étrange, c’est qu’à toutes les époques il se soit rencontré des diplomates, des hommes d’état allemands pour entretenir les dissensions intestines qui déchiraient leur patrie. Au fond de toutes ces guerres, de ces agitations incessantes, on retrouve tour à tour le conflit des nationalités et la lutte des intérêts religieux. Seulement c’est par les armes qu’on cherche à vider la querelle jusqu’à l’époque où la révolution française vient substituer en Allemagne les projets d’unité et d’équilibre à des rivalités désormais périlleuses.