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ARTHUR GOERGEI.




Mein leben und Wirken in Ungarn m den Jahren 1848 und 1849) (Ma Vie et mes Actes en Hongrie dans les années 1848 et 1849), von Arthur Georgei ; Leipsig, Brockhaus, 1852.




La guerre de Hongrie aura tôt ou tard son histoire définitive. À côté des sources officielles qui en Russie et en Autriche se sont déjà produites, la littérature des mémoires et des confidences personnelles vient à son tour apporter de nouvelles lumières sur quelques-uns des principaux acteurs du drame madgyar. En ce point, l’ouvrage que le général Goergei vient de publier ne saurait trop attirer l’attention. Pour la première fois une voix grave et autorisée s’élève du sein de la patrie hongroise, et cette voix est celle du jeune général qui, durant une campagne d’un an et demi, a porté le plus haut la gloire des armes nationales. Suivez Goergei, et il vous introduira dans le camp madgyar, à la diète de Pesth et de Débreczin, et jusque dans le sanctuaire de cette camarilla mystérieuse dont les puérilités et les intrigues, après avoir tout compromis, devaient tout perdre. Chose édifiante et curieuse que de voir aux prises ces deux héros de la révolution hongroise : Kossuth et Goergei, l’homme de tribune et l’homme d’épée, le soldat et l’orateur. L’histoire de cet antagonisme d’avance pressenti n’est au fond que l’histoire de toutes les révolutions. Nul mieux que Kossuth ne s’entendit jamais à se draper en coryphée des droits des peuples, et rien ne l’arrêta lorsqu’il s’agit de lancer à travers l’océan furieux le navire de son pays, en ayant soin de crier au pilote : « Tu portes César et sa fortune. » Ici malheureusement une difficulté l’attendait qu’on