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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 août 1852.

La politique a ses intermittences : elle a ses momens de calme absolu où il semble qu’on ne puisse plus compter qu’avec peine les pulsations de la vie nationale, et elle a aussi ses périodes d’activité passagère, où quelques incidens se réunissent comme d’eux-mêmes pour réveiller et entretenir l’attention. Sans doute ces incidens conservent un caractère particulier qu’ils tirent de l’ordre général des choses ; ils n’ont point l’importance des questions d’état qui se posent quotidiennement au plus fort des crises sociales ; ils portent la marque du milieu qui leur donne naissance. Tout se ressent de la rude transformation du temps, tout se coordonne et se plie à une loi nouvelle au milieu du changement même des dispositions publiques ; mais enfin, à travers ce changement, sous une forme ou sous l’autre, chaque jour a son contingent de faits, de préoccupations, d’efforts pratiques, de questions de tout genre à résoudre, de symptômes, de bruits qui se succèdent, même de commérages qui tiennent souvent plus de place que les choses sérieuses. C’est là ce qui constitue l’histoire politique. Cette histoire passe devant nous et suit son cours, tandis que nous l’observons, spectateurs en quelque sorte de notre propre destinée, qui, depuis bien des années, reste attachée à tant d’influences contraires et soumise à tant d’épreuves diverses. Quelles que soient ces vicissitudes, elles sont celles du pays et elles sont les nôtres, il ne servirait à rien de l’oublier et de se retrancher dans une espèce de contemplation indifférente ou chagrine. Quand des élections s’accomplissent et recomposent à tous les degrés les administrations locales, ce sont bien apparemment nos affaires qui sont en jeu ; c’est la série de nos faits domestiques qui se poursuit avec nous ou sans nous. Quand l’éducation publique tout entière est l’objet de remaniemens profonds, c’est bien de notre vie morale et intellectuelle qu’il s’agit. Quand un intérêt international de premier ordre attend d’être réglé, comme à l’occasion du traité avec la Belgique, n’est-ce point notre commerce, notre industrie, qui