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d’Amboine, les Moluques, l’archipel de Banda, le groupe de Ternale, reconnaissent également la suzeraineté ou la souveraineté de la Hollande.

En nous transportant dans ces contrées de l’extrême Orient, M. Roorda van Eysinga nous conduit dans la direction de l’est à l’ouest, et nous introduit par conséquent de prime abord aux Moluques, siège des établissemens primitifs de la compagnie des Indes et des premiers gouverneurs-généraux. Il a consacré à décrire cet archipel tout son premier volume. Après avoir traversé rapidement les îles de la chaîne sumatrienne, Bali, Lombok, Sumbawa, et celles moins considérables qui en sont la prolongation à l’est, et qu’il appelle du nom de petites îles de la Sonde, Kleine Sunda-Eilanden, il arrive à Java, « la plus importante, la plus riche, non-seulement des colonies de l’Inde néerlandaise, mais du monde entier, » her belangrijste eiland niet alleen van Nederlandsch Indie, maar van geheel de wereld ; aussi emploie-t-il trois volumes à nous la faire connaître. Après avoir parlé de la topographie, de la botanique et de la zoologie du sol javanais, de la forme actuelle et de la hiérarchie des pouvoirs civils et militaires qui le régissent, il passe à l’histoire des événemens dont il a été le théâtre pendant une période qui remonte à l’âge correspondant aux temps les plus reculés de notre ère vulgaire, et qui se continue jusqu’à nos jours. La première partie de cette histoire est fondée sur des légendes mythologiques ou héroïques, parmi lesquelles l’on démêle quelques faits qui appartiennent au domaine de la vie réelle, mais dont on ne peut fixer la date que par des calculs approximatifs et par grandes périodes. Ce n’est que vers la fin du XIIIe siècle, lors de la fondation de Madjapahit, l’une des antiques métropoles de Java, que ces annales commencent à se dégager de cet alliage de récits romanesques ; elles prennent un caractère de certitude qui ne se dément plus à partir de la révolution qui, vers 1400, remplaça le culte des divinités indiennes par l’islamisme et inaugura l’avènement d’une nouvelle dynastie, dont la ville de Demak fut la capitale. L’arrivée des Hollandais à Java eut lieu en 1596, et bientôt après ils s’y établirent d’une manière permanente. En 1619, ayant renversé le prince de Djakatra, ils fondèrent sur l’emplacement de cette cité Batavia, qui devint dès lors et qui est restée le chef-lieu de leur empire colonial. M. Roorda van Eysinga a retracé chronologiquement les progrès de leur domination, jusqu’aux guerres qui, dans les premières années du siècle actuel, l’ont propagée dans l’île entière, et enfin les événemens qui se sont accomplis pendant l’occupation anglaise de 1811 à 1816, et depuis lors jusqu’en 1834, pendant le séjour qu’il a fait aux Indes, sous MM. van der Capellen, Merkus de Koch et Johannes van den Bosch, gouverneurs-généraux. La fin du tome deuxième de la IIIe partie et tout le tome troisième contiennent la description particulière et détaillée de chacune des résidences ou grandes divisions du territoire javanais. L’ouvrage, suspendu en 1842 par un voyage de l’auteur dans les colonies, a été repris à son retour dans la mère-patrie, en 1849. Aujourd’hui fixé dans la ville de Leyde, il pourra nous donner successivement et sans retard, il faut l’espérer, les volumes où il doit s’occuper de Sumatra, Célèbes et Bornéo, et qui termineront sa publication.

ED. DULAURIER.



V. de Mars.