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Parmi les institutions créées dans la cité lyonnaise pour venir en aide à la classe laborieuse, les unes sont déjà anciennes, les autres ont été produites par le mouvement d’idées qui, au milieu des plus déplorables égaremens, a néanmoins éclairé d’un nouveau jour, dans ces derniers temps, certaines faces des questions industrielles ou charitables. Disons tout de suite, avant d’interroger ces nouvelles créations, que la bienfaisance poursuit activement à côté d’elles le cours de sa mission traditionnelle. Extrêmement variée et ingénieuse dans ses moyens, elle distribue ses bienfaits par cent canaux divers, aimant peut-être un peu trop cependant à faire bruit de ce qu’elle donne. Dans ce même cercle des institutions antérieures à l’époque présente se placent les établissemens pour l’instruction gratuite des classes populaires, qui sont l’objet d’un juste intérêt. Si l’instruction primaire ne peut suffire à tout dans la vie, elle est du moins une condition essentielle pour guider l’individu sur la route du devoir et du travail. Grâce à des sacrifices persévérans, de larges améliorations ont été obtenues sous ce rapport. Les frères de la doctrine chrétienne et une société laïque fondée depuis plus de vingt-cinq ans sous le nom de Société de r instruction primaire rivalisent de soins pour l’éducation des enfans appartenant aux familles ouvrières. Les frères comptent dans l’agglomération lyonnaise 22 écoles recevant près de 5,000 élèves; la société, qui pratique la méthode de l’enseignement mutuel, a 20 écoles, suivies par 3,000 jeunes garçons. Quant aux filles, cette même association entretient pour elles à Lyon 9 classes, où se trouvent 1,200 élèves ; l’enseignement laïque compte encore 7 ou 800 jeunes filles à la Guillotière et à la Croix-Rousse dans 4 écoles tenues par des institutrices communales; les sœurs de Saint-Charles y ont aussi 22 établissemens renfermant près de 4,000 élèves. Des classes sont ouvertes le soir pour les ouvriers adultes, tant par les frères de la doctrine chrétienne que par la Société de l’instruction primaire. On y enseigne particulièrement le dessin linéaire, la tenue des livres, la grammaire, le chant, etc. L’enseignement est partout gratuit. La municipalité de Lyon alloue 88,000 fr. aux écoles des frères de la doctrine chrétienne et des sœurs de Saint-Charles, et.60,000 fr. aux classes d’enseignement mutuel, sans parler de quelques autres dépenses se rattachant au même objet.

Un établissement fondé en 1833, sous le nom d’école de la Martinière, et qui se soutient au moyen de ressources provenant d’un legs individuel, mérite une mention spéciale[1]. Véritable institution d’enseignement professionnel, l’école de la Martinière joint à des cours de mathématiques et de dessin des cours théoriques et pratiques de

  1. Le donateur, M. Martin, Lyonnais d’origine, s’était enrichi dans les Indes orientales, au service de la compagnie anglaise qui gouverne ce vaste empire.