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sident de la république. Peut-être seulement pourrait-on se demander si c’est bien impunément que les oppositions d’autrefois ont dirigé leurs coups contre les gouvernemens. Le message du 28 juin n’est point un exposé de la situation générale du pays. Dans ses élémens principaux et essentiels, extérieurs ou intérieurs, cette situation n’a point changé au surplus depuis quelques mois. Quant au détail ordinaire des affaires, le procès-verbal du corps législatif en offre le plus complet résumé, — complet, disons-nous, et ce n’est point sans raison. Les plus importans travaux se sont trouvés accumulés à la fin de la session. Mentionnons rapidement quelques-unes des lois principales, quelques-uns des incidens qui ont signalé les derniers jours de cette législature à peine close.

Des divers projets soumis au corps législatif, il y en a sur lesquels il n’a point eu à émettre un vote, et il y en a qui ont suivi leur cours régulier. Ce qui n’a pas été voté, c’est cet ensemble d’impôts nouveaux dont on avait proposé de frapper les voitures, les chevaux de luxe, le papier, etc. Le gouvernement a retiré ses projets, ou du moins il les a ajournés. Cet ajournement est-il indéfini, ou les taxes nouvelles se représenteront-elles encore à la prochaine session ? Toujours est-il que le gouvernement a eu la louable pensée de soumettre ces projets d’impôts à une étude plus approfondie. Il n’est point impossible, à notre avis, que cette étude ne conduise à abandonner quelqu’une de ces taxes, celle sur le papier entre autres. Si le corps législatif n’a point eu à se prononcer sur cette question toujours difficile des nouveaux impôts, il a eu à voter, ce qui n’est pas moins important, le budget de 1853. Aujourd’hui surtout, c’est dans les matières de finances que peut naturellement s’exercer l’action législative, et on ne saurait disconvenir qu’il n’y ait dans notre situation financière de quoi appeler l’attention d’un corps qui a pour mission principale de contrôler les dépenses publiques. L’équilibre est un mot depuis long—temps malheureusement rayé de nos budgets. Quelques efforts qu’on fasse pour sauver du moins les apparences, la réalité reste la même ; c’est toujours au fond, sous une forme ou sous l’autre, le déficit. Pour 1853, ce déficit est encore de 40 millions, et il faut remarquer qu’il n’est ramené à ce chiffre que par l’inscription aux recettes de ressources extraordinaires, — telles que les remboursemens des compagnies de chemins de fer. Qu’on joigne à ceci une dette flottante qui s’élève à plus de 700 millions ! La commission du corps législatif s’est livrée à une consciencieuse étude de tous ces élémens de la situation des finances. Elle a proposé diverses diminutions de dépenses qui n’ont point toutes reçu l’assentiment du conseil d’état, comme l’exige la constitution pour tout amendement. Quelques-unes cependant ont été acceptées ; le temps pressait d’ailleurs, et le budget acte voté avec peu de modifications. Une des préoccupations les plus naturelles et les plus vives peut-être aujourd’hui, c’est celle des finances qui fléchissent sous le poids de nos dernières révolutions, et c’est probablement pour répondre à cette pensée que M. le président de la république, dans son message d’avant-hier, annonçait la préparation de projets destinés à diminuer les charges de l’état. Les chemins de fer ont eu aussi leur part dans les derniers travaux du corps législatif. Les chemins de Paris à Cherbourg et de Bordeaux à Cette ont été votés ; il en est de même de la loi qui concède à la même compagnie le chemin de Lyon à la Méditerra-