Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’autres fois ce seront des paysannes grecques
Amenant au marché des fleurs et des pastèques;
Des jardiniers de Bournabat
Chargés de paniers pleins de figues et d’olives,
Ou des cavaliers turcs, ou des familles juives
Qu’un mulet porte dans son bât.

Sur le pont les chameaux passent en longues files,
Balançant gravement sur leurs longs cous mobiles
Leur tête au regard bienveillant;
Un nègre sérieux et monté sur un âne
Traîne derrière lui la longue caravane,
Qui le suit d’un pied nonchalant.

En les voyant ainsi s’en aller par centaines,
L’esprit déjà bercé d’aventures lointaines,
On les suit de l’œil en rêvant :
Ce pont, c’est le chemin de l’Inde et de la Perse!
Sur ses cailloux luisans passe tout le commerce
Que fait Smyrne dans le Levant.

O fleuve du Mélès! ô pont des caravanes!
Que de fois j’ai cherché l’abri de vos platanes!
Je vieillis sans vous oublier;
Car le vent du matin, m’enivrant par bouffées,
M’entretenait de gloire et de contes de fées
Sous votre ombrage familier.


LE DROMADAIRE.


Regardez-le passer, dans l’ombre de la rue,
A travers cette foule au spectacle accourue,
Le grand dromadaire au poil roux :
Un singe galonné gambade sur sa bosse.
Et les enfans de rire! — et le cornac féroce
Le force à plier les genoux.

Ils se montrent du doigt la bête ridicule
Qui marche d’un pas lourd et dont la tête ondule
Au bout d’un cou mal emmanché,
Ses longs membres osseux chargés d’un corps énorme