Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VI.


Salut donc à ton nom! empereur magnifique!
Sultan Abdul-Medjid! conquérant pacifique !
Héros du progrès régulier !
Salut, fils de Mahmoud, jeune homme au doux visage,
Abdul-Medjid le juste! Abdul-Medjid le sage,
Abdul-Medjid l’hospitalier!


LE PONT DES CARAVANES.


Dans un faubourg de Smyrne, auprès d’un cimetière,
Court sur le sable fin une fraîche rivière,
Que franchit un pont délabré;
Un Turc, ami de l’ombre et du loisir tranquille,
Près de là, dans un arbre, a construit un asile
Pour le voyageur altéré.

Autour du tronc noueux, un escalier de planches
Conduit à ce café suspendu dans les branches
A l’abri des feux du soleil,
Où, dans un berceau vert, sous les feuilles tremblantes,
Les fumeurs, inclinant leurs têtes indolentes,
Rêvent dans un demi-sommeil.

La verdure au regard laisse plus d’un passage
Où s’encadre au soleil un coin de paysage.
Ici la rivière et ses bords.
Là les maisons de Smyrne et leurs façades peintes,
Et plus loin des mûriers, des joncs, des térébinthes,
Ou les cyprès du champ des morts;

Parfois, sur le chemin, quelques femmes chrétiennes,
Des Grecques d’Ionie, ou des Arméniennes,
Sous le féredjé violet;
Les femmes du harem que suivent des esclaves;
Ou des Francs inquiets, ou des effendis graves
Égrenant leur long chapelet;