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IV.


C’est la réalité; ce n’est point un mirage :
C’est la divine fin promise à ton courage.
Saisis d’un bras hardi le sceptre redouté
Qui s’échappe des mains de la Fatalité.
La nature, elle seule, a des lois éternelles :
Pour un peuple nouveau dicte des lois nouvelles!
Mahomet t’applaudit. Marche, conduit par Dieu.
N’épuise pas ton cœur en un regard d’adieu;
Ne te retourne pas, marche, comme Moïse,
Les yeux toujours fixés sur la terre promise!


V.


C’est qu’elle était belle vraiment,
Dans sa nonchalance superbe.
Cette vieille Turquie où l’herbe
Disputait le sol au froment ;
Cette Turquie, avec son faste.
Ses vêtemens d’or étoiles.
Et son désert toujours plus vaste,
Et ses remparts démantelés!

Il attirait la poésie
Ce beau pays des contes bleus,
Où, sur un terrain fabuleux,
Dansait la jeune fantaisie.
Elle aimait ce ciel indulgent,
Ces hordes indisciplinées,
Ces longs fusils brodés d’argent,
Et ces lames damasquinées.

La poésie a des lauriers
Aujourd’hui pour une autre gloire.
Et recommande à la mémoire
D’autres noms que les noms guerriers.
Elle réserve son sourire
A l’inaltérable équité.
Et les caresses de sa lyre
A la paix, à la liberté!