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Elles doivent observer dans leur costume la même simplicité que les hommes. Les pratiques religieuses des anabaptistes sont fort simples ; ils les suivent avec la plus grande régularité. Tous les dimanches, réunion pour la lecture de la Bible, lecture faite par un pasteur de leur choix, qui n’est autre que le plus âgé ou le plus expérimenté d’entre eux ; explication sur l’esprit et le sens de l’Évangile, cantiques chantés par les fidèles : voilà de quoi se compose la cérémonie. Les anabaptistes reçoivent le baptême et communient à quatorze ou quinze ans avec le pain et le vin, échangent l’anneau nuptial béni par le prêtre, et demandent, avant de mourir, les bénédictions de Dieu. Deux jours par année sont consacrés à la purification du corps et à l’humilité. Cette cérémonie fort ancienne, conservée avec beaucoup de vénération, consiste à se laver mutuellement les pieds, sans distinction de rang ni de fortune. L’exclusion du temple est prononcée contre tout anabaptiste qui s’adonne à l’ivrognerie, qui danse, qui joue des jeux intéressés, qui a détourné la chose d’autrui ou trompé une fille. Cette exclusion est une peine très grave et rarement encourue : elle peut d’ailleurs être remise après réparation ou amendement. Les anabaptistes, au moment de leur baptême, font serment de ne jamais porter les armes. Sur leurs réclamations instantes, un arrêté du comité de salut public du 18 août 1793, maintenu plus tard par le directoire exécutif, décida qu’ils ne seraient appelés comme militaires que dans les charrois ou les bataillons de pionniers. En 1812, les jeunes conscrits appartenant à ce culte furent incorporés dans les bataillons des trains d’artillerie et du génie. Nous ignorons si depuis lors ils ont conservé ce privilège. Les émigrations pour les États-Unis sont très fréquentes parmi eux, et ils entreprennent de longs voyages à travers les mers avec la plus grande facilité. C’est ce qui explique comment leur nombre, porté à environ 4,000 dans un recensement fait en 1804 et complété en 1809, n’a pas sensiblement augmenté. En 1834, ils avaient demandé que le gouvernement pourvût aux frais de leur culte ; mais il ne parut pas possible, en raison de leur petit nombre et de leurs principes qui semblaient se prêter fort peu à une organisation, de donner suite à leur demande. Une église particulière a été, en 1849, ouverte à Paris, rue d’Enghien, pour les anabaptistes[1].

L’église anglicane, à laquelle appartient un grand nombre d’Anglais qui habitent la France, possède aussi un temple à Paris ; mais on comprend que cette église, où la politique est si étroitement liée à la religion, ne saurait faire de prosélytes dans le sein des populations étrangères à l’Angleterre.

  1. Nous devons encore ces renseignemens, aussi curieux que peu connus, à la parfaite obligeance de M. Charles Read, qui a bien voulu aussi nous communiquer une partie des documens compris dans notre travail.