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L’ACADEMIE FRANCAISE.




I.
INTRODUCTION A UNE HISTOIRE DE L’ACADEMIE DEPUIS D’ALEMBERT.[1]




L’Académie française est aujourd’hui une des plus anciennes institutions de notre pays. Tout a changé en France et plusieurs fois changé depuis moins d’un siècle. Le principe du pouvoir souverain, la forme et la limite du pouvoir législatif, le droit civil, l’administration, l’armée, tout est maintenant fondé sur d’autres bases qu’avant 1789. Les choses mêmes que, dans l’ordre actuel, on peut considérer comme une suite ou un équivalent du passé, en diffèrent sous beaucoup de rapports. Un préfet ne ressemble pas aux intendans de province délégués par Colbert ou représentés par Turgot ; un maire de nos derniers temps, soit semi-électif, soit directement nommé, aux maires et aux assesseurs institués par l’ordonnance de 1692, avec charge acquise sous le bon plaisir du roi, mais inamovible et viagère. Aucune de nos cours d’appel, ci-devant cours impériales ou royales, ne se croit un parlement. Dans l’armée, l’officier promu d’après la loi, au tour du choix ou de l’ancienneté, est autre que l’officier noble qui recevait

  1. Ce morceau, dont la plus grande partie a été lue dans la séance intérieure trimestrielle des cinq académies de l’Institut, est détaché d’un travail étendu sur l’histoire de l’Académie française. Il explique et prépare tout un ensemble d’études dont nous ne croyons pouvoir mieux signaler l’importance que par cette publication.