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les récentes découvertes peuvent entraîner dans notre système monétaire tel qu’il existe depuis 1802[1].

La répartition de l’or extrait des gisemens de la Californie pendant l’année 1851 a eu lieu entre la métropole des États-Unis sur les rives de l’Atlantique, quelques ports de l’Amérique du Sud sur l’Océan Pacifique, et plusieurs points, tels que la Chine, les îles Sandwich, qui, en échange, ont fourni au marché de San-Francisco une partie de son approvisionnement en denrées et en marchandises. Le Mexique par Mazatlan et Acapulco, les pays d’Europe par l’isthme de Panama et la ligne des steamers anglais établie entre Chagres et Southampton, reçoivent aussi directement chaque année une petite fraction de l’or de Californie. Toutefois la majeure partie de ce métal arrive d’abord à New-York, qui en a reçu l’année dernière pour une valeur de 42,671,432 dollars ou 213,357,160 francs. Le marché de San-Francisco en retient une certaine quantité ; on évalue, par exemple, pour la même année, à 6 millions de dollars ou 30 millions de francs l’émission de pièces d’or faite par les cinq établissemens qui frappent monnaie dans cette cité, à 1,200,000 fr. la portion de ce métal employée par les orfèvres et bijoutiers de San-Francisco, et à 2 millions de dollars la réserve des mineurs ou ce qui reste dans leurs ceintures. Ou estime aussi que les chercheurs d’or venant du Mexique, du Chili et de l’Orégon

  1. L’effet déterminé par cet accroissement si considérable, dans la production de l’or ne peut être cependant immédiat, il sera atténué quelques années encore par des exigences nouvelles à satisfaire et par des besoins qui se l’ont sentir depuis long-temps. L’or sera bientôt d’un emploi plus universel qu’aujourd’hui dans la confection des objets de luxe, il va se répandre dans les pays où il circule encore très lentement, comme en Allemagne, en Prusse et surtout en Autriche, où la pénurie des monnaies d’or est si complète, qu’on y est obligé de se servir presque exclusivement de papier-monnaie ; enfin, dans le système monétaire, l’or parait appelé, dans un avenir peu éloigné, à se substituer presque intégralement, d’une manière successive, à l’argent, qui, par son poids et son volume encombrant, offre de réels inconvéniens dans les transactions usuelles. Dans ces derniers temps, l’active fabrication en France des pièces de 20 fr. et de 10 fr. et l’émission considérable aux États-Unis d’aigles et demi-aigles (26 fr. et 13 fr.) ont diminué les demandes de l’argent en le rendant par conséquent moins rare comme métal. Avant 1850, le monnayage de l’or en France avait varié de 2,080,420 fr. (en 1846) à 39,697,740 fr. (en 1848) ; en 1850, il s’est élevé à 85 millions, et en 1851 il est parvenu à 254,500,000 fr pour les dix premiers mois seulement, ce qui suppose une émission de plus de 300 millions pour l’année entière. Aux États-Unis, pendant la période prolongée de 1792 à 1847 inclusivement, c’est-à-dire pendant cinquante-cinq ans, le monnayage en pièces d’or représente une valeur de 72,565,928 dollars ou environ 362,829,640 fr.* donnant une moyenne de 6,596,902 fr., tandis que, pendant l’année 1851 seulement, il a été frappé en aigles doubles, aigles, demi-aigles et dollars une somme équivalente à 52,143,446 dollars ; représentant 260 millions 717,230 fr., c’est-à-dire quarante fois l’émission annuelle et moyenne antérieure à l’année 1847.
    • Le monnayage des monnaies d’argent avait été, dans la même période, de 71,426,465 dollars ou environ 357,132,325 fr.