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on le trouve associé, composée toujours de débris de quartz, prouve aussi que le gisement de l’or en Californie s’est rencontré de tout temps dans les roches de cette formation, qui le recèlent encore aujourd’hui en quantité considérable.

Il est probable néanmoins que l’or existe dans toute l’étendue des bassins des deux fleuves principaux., mais à des profondeurs très variables. Les perturbations qui se sont opérées à la surface de la planète ont dû amener, dans cet espace si limité, des résultats généraux. Tous ces débris de roches, transformés par l’action des eaux en couches friables, chargées de particules d’or, doivent être répandus sur la presque totalité de la superficie de ces vallées.

L’activité des émigrans, à une époque peu éloignée, se reportera entièrement vers l’exploitation des mines de quartz, qui constituera alors une industrie régulière, versant chaque année sur les divers marchés du monde une valeur pour ainsi dire déterminée d’avance par le nombre et la puissance des appareils employés à cet effet. Plusieurs tentatives, qui ne permettent plus de douter de la richesse de ces filons, ont été faites par des capitalistes américains et français, et se continuent chaque jour au milieu des difficultés créées par les prix élevés de la main-d’œuvre et par les moyens incomplets que présentent les faibles ressources du pays pour l’établissement de ces engins. L’exploitation des mines ne prendra l’extension dont elle est susceptible qu’à dater de l’épuisement, sinon absolu, au moins relatif, des terrains d’alluvion qui occupent aujourd’hui la population émigrante. Le pays lui-même ne prendra un développement durable qu’à partir du jour où le travail se transformera en une autre source de richesse, soit par la fécondation du sol, soit par l’intervention d’industries nouvelles appropriées à sa situation. Que l’or s’épuise lentement ou avec rapidité dans les terrains d’alluvion qui le recèlent encore aujourd’hui, la production de ce métal ne peut en être affectée ; elle pourra même devenir plus considérable par le traitement exclusif des mines de quartz capables d’occuper des milliers de compagnies pendant des siècles. Il n’est donc pas hyperbolique d’évaluer l’extraction, pour les années à venir, au taux où elle est parvenue l’année dernière, c’est-à-dire à soixante millions de dollars ou 300 millions de francs. Dans l’intervalle de dix années seulement, l’extraction de l’or en Californie s’élèvera ainsi au chiffre de trois milliards ! Il faut ajouter à cette production celle de l’Australie, il faut tenir compte aussi de la richesse des sables aurifères d’Upata dans le Venezuela. — sur lesquels un ingénieur français, M. Alphonse Ride, a donné ici même des indications précieuses[1], pour apprécier toute la portée des modifications que

  1. Voyez la livraison du 1er novembre 1851.