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abondamment aussi dans les terrains de transport qui tapissent le lit des rivières, ou qui ont envahi le sol parallèlement au cours de celles-ci, sous la forme de bancs sur lesquels les eaux s’épanchent à l’époque de la fonte des neiges des montagnes les moins élevées. La majeure partie de l’or extrait jusqu’à ce jour provient du lavage de ces alluvions, où il se trouve disséminé, dégagé de toute matière étrangère et réduit à un très grand état de division. C’est sur les bords de ces rivières que furent établis à l’origine les principaux champs d’exploitation des terrains aurifères de la Californie ; l’extraction opérée d’abord par des ustensiles destinés à de tout autres usages donna des résultats inespérés. Le travailleur n’avait pas à faire des recherches pour procéder au triage des terres dont il devait opérer le lavage ; l’or existait partout presque également ; l’examen le plus sommaire en accusait la présence sous la forme de paillettes ou petits grains roulés à angles arrondis. Cependant l’extraction de ces premiers dépôts fut très incomplète, et les mêmes terrains repris et traités aujourd’hui par les machines d’une perfection suffisante, que les Américains ont introduites, donnent de très beaux résultats[1].

Les affluens du Sacramento se sont surtout fait remarquer par la richesse ides alluvions qui y sont déposées et par la facilité du traitement auquel celles-ci peuvent être soumises. Triturées et charriées au loin par l’action puissante des cours d’eau, ces alluvions sont formées en général de fragmens de diverses roches liés entre eux par un ciment argilo-ferrugineux très chargé de sable ; la roche qui domine par ses affleuremens nombreux dans le lit des cours d’eau et dans l’intérieur des vallées est de l’espèce amphibolique, et particulièrement de la variété dite diorite.

Le traitement de cette catégorie de terrains aurifères est, comme je l’ai dit, fort simple. On se contenta d’abord de l’ustensile le plus primitif, la sébile, désignée sous le nom de bâtée, que remplacèrent dans la suite des vases métalliques d’une forme semblable. On opérait ainsi sur de petites masses de 8 à 10 décimètres cubes par des lavages successifs jusqu’au moment où l’eau, par l’action mécanique que lui donnait le mineur en imprimant à la sébile un double mouvement de rotation, séparait l’or, réduit à l’état de paillettes et de grains roulés, des matières terreuses qui l’accompagnaient. Ce procédé, presque exclusivement employé à l’origine, est aujourd’hui rarement en usage ; il exige de la part du travailleur, une certaine pratique, et les hommes

  1. Je visitai en 1851 le champ d’exploitation désigné par les mineurs sous le nom de Long-Bar, sur les bords de la rivière Yuba, l’un des affluens du Sacramento ; les alluvions qui y sont déposées, presque entièrement abandonnées alors, sont néanmoins fort riches ; partout je voyais l’or briller de son éclat métallique. En expérimentant sur un volume d’alluvion d’environ 80 décimètres cubes, je retirai par le procédé le plus simple, c’est-à-dire en faisant usage de la bâtée, une valeur correspondant à 2 fr. 50 c. La même opération, répétée sur d’autres points, donna des résultats presque équivalens.