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d’un traité destiné à relier le marché autrichien au marché allemand, et qu’il ne demandera la fusion définitive que le jour où tous les états germaniques auront pu en apprécier l’utilité, et l’importance à la faveur de ce premier rapprochement.

Quant au congrès qui siége à Vienne depuis le commencement de janvier, ainsi que le prince Schwarzenberg l’a déclaré en l’ouvrant au nom de l’empereur, sa mission est uniquement de faire des propositions, d’échanger des idées, d’écarter les divergences d’opinion, de préparer un projet de traité qui puisse ensuite être soumis à l’approbation des membres du corps fédéral. Envisagée du seul point de vue des intérêts commerciaux, l’union austro-allemande offrirait assurément aux états germaniques des avantages du plus haut prix, puisqu’elle leur ouvrirait des débouchés certains sur l’Italie et sur l’Orient par l’Adriatique et par le Danube. Que si l’on calcule les conséquences politiques de cette union, elle présente au contraire des inconvéniens manifestes : en reliant plus étroitement l’Allemagne à ce vaste empire d’Autriche, plus puissant à lui seul que le reste de la confédération, l’union austro-allemande placerait les petits gouvernemens dans la dépendance du cabinet de Vienne, et la Prusse n’échapperait elle-même à cette suprématie qu’en s’isolant. Aussi les difficultés qui gênent la marche du congrès de Vienne sont-elles moins commerciales que politiques. Quelque souci que l’Autriche se donne pour convaincre les membres de la confédération que derrière son but ostensible il n’y a point de but caché, elle ne dissipe point toutes les inquiétudes.

Il est donc encore aujourd’hui difficile de déterminer quels seront les résultats positifs du congrès de Vienne. En attendant que le moment soit venu de les apprécier, la Prusse prépare de son côté un congrès à Berlin pour le renouvellement du Zollverein. Les préoccupations commerciales n’absorbent point d’ailleurs toute l’activité de l’Allemagne. Des questions politiques du plus haut intérêt s’agitent au sein des chambres prussiennes ; le principe même des nouvelles institutions du pays se trouve en lutte ouverte avec celui des institutions qu’elles ont remplacées. L’organisation de la première chambre et l’administration provinciale, tel est le terrain sur lequel les partisans de l’état moderne et ceux de l’état féodal sont aujourd’hui directement aux prises. On sait que la première chambre, telle qu’elle est en ce moment formée, est un produit électif de la crise révolutionnaire. La constitution du 31 janvier 1850 promet une pairie qui doit reposer sur le triple fondement de l’hérédité, de l’élection et de la nomination directe par le roi. Les chambres qui ont élaboré cette charte, ayant accepté à regret le principe de l’hérédité, ont stipulé, pour prix de cette concession faite aux vœux du roi, que la nouvelle pairie ne serait installée qu’en août 1852. Il s’agit aujourd’hui d’en fixer définitivement les bases. Cette question n’est point sans quelque rapport avec celle que suscite l’administration provinciale. En 1850, une loi a été votée par les chambres, approuvée par le roi, proclamée, appliquée même dans un certain nombre de communes. Cette loi, sans établir une centralisation rigoureuse, détruisait les privilèges des anciens états provinciaux ; elle portait un dernier coup à la position exceptionnelle de la haute noblesse terrienne. Or, en 1851, le gouvernement a pris sur lui de déclarer que l’application de cette loi serait indéfiniment ajournée il a fait plus, il a convoqué les états provinciaux tels qu’ils existaient en 1848 ;