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ATTILA.




ATTILA DANS LES GAULES.[1]




I. – INVASION DE LA GAUCHE - SAINTE GENEVIEVE.

On dirait qu’il existe dans les masses populaires un instinct politique qui leur fait pressentir les catastrophes des sociétés, comme un instinct naturel annonce d’avance à tous les êtres l’approche des bouleversemens physiques. L’année 451 fut pour l’empire romain d’Occident une de ces époques fatales que tout le monde attend en frémissant, et qui apportent leurs calamités pour ainsi dire à jour fixe. Les prédictions, les prodiges, les signes extraordinaires, cortége en quelque sorte obligé des préoccupations générales, ne manquèrent point à cette année de malheur. L’histoire nous parle de commotions souterraines qui ébranlèrent en 450 la Gaule et une partie de l’Espagne : la lune s’éclipsa à son lever, ce qui était regardé comme un présage sinistre ; une comète d’une grandeur et d’une forme effrayantes parut à l’horizon du côté du soleil couchant, — et du côté du pôle, le ciel se revêtit pendant plusieurs jours de nuages de sang au milieu desquels des fantômes armés de lances de feu se livraient des combats, imaginaires. C’étaient là des prophéties pour le vulgaire superstitieux ; les ames pieuses en cherchaient d’autres dans la religion. L’évêque de Tongres, Servatius, alla consulter à Rome les apôtres Pierre et Paul sur leurs tombeaux, afin de savoir de quels maux la colère divine menaçait son pays et quel moyen il y avait de les conjurer ; il lui fut répondu que la Gaule serait livrée aux Huns et que toutes ses villes

  1. Voyez les livraisons du 1er et du 15 février.