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aboutissant par les angles de la base au mur de la tour circulaire et au mur ouest de l’enceinte carrée. Ils reconnurent qu’il était impossible d’aller visiter ces ruines. Outre les restes de la tour ronde ou donjon, il y avait sur le sommet des fragmens de mur avec des retraits circulaires, recouverts de briques carrées, des portes en ogive, des fenêtres à meneaux entourant en partie un enclos qui était peut-être la cour du château, maintenant comblée par des fragmens de toute nature, de marbre, de mosaïque et de poterie.

« Les fondations et les portions inférieures du mur bâti par Hérode autour du sommet de la colline sont encore debout sur le côté est. Les officiers s’amusèrent à déplacer quelques-unes des pierres, à les jeter par-dessus le rocher, à les regarder tournoyer et bondir jusqu’au bas, à douze cents pieds, avec une rapidité plus effrayante que celle des pierres lancées par les balistes romaines, lorsque Sylva faisait le siége de la forteresse. Une des fenêtres, apparemment un fragment de chapelle, donnait sur la cour : c’était celle qui avait l’apparence d’une ogive, et c’était celle que nous avions vue en passant sur les embarcations[1]. De là, on pouvait voir le mur dans toute son étendue, avec ses extrémités nord et sud bien marquées, même à travers la vapeur qui les couvrait…

« Immédiatement au-dessous d’eux, le long de la base du rocher pouvait être tracé le mur de circonvallation que Sylva bâtit à l’extérieur autour de toute la place. Continuant leurs explorations vers les bords sud et est, ils suivirent un passage dangereux à mille pieds de hauteur au-dessus du ravin, et qui aboutissait à une grande plate-forme encombrée de fragmens de maçonnerie appartenant évidemment aux ruines du mur qui fermait le rocher supérieur. Se traînant par-dessus les pierres, ils atteignirent une excavation que les Arabes appellent une citerne, ce qui est probablement juste, car, en descendant, ils virent des passages étroits ou aqueducs. L’un de ces passages était une cave oblongue coupée dans le roc, de trente pieds de longueur sur quinze de largeur et dix-huit ou vingt de profondeur ; elle était cimentée de tous les côtés. À gauche de l’entrée et dans la cave, il y avait quelques marches se terminant par une plate-forme. Comme les parois, les marches étaient enduites de ciment : au-dessus était une ouverture où l’on ne pouvait arriver par les marches. En faisant des entailles dans le mur, les visiteurs essayèrent d’y atteindre. C’était l’entrée d’une cave basse grossièrement taillée avec une fenêtre ouvrant sur le flanc escarpé de l’Ouady-Senin. Sur les murs grossiers et sans ciment, on voyait des croix peintes en rouge, et sur la poussière des empreintes fraîches des

  1. On sait que l’expédition du capitaine Lynch, après avoir descendu le Jourdain du lac de Tabarieh à la mer Morte, a parcouru par eau tout le bassin de cette mer.