Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 13.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le sommet un peu avant dix heures du matin. Tout ce sommet est entouré d’un mur à pic sur le précipice. Passant sous une porte à ogive dont la clé de voûte et les voussures sont en pierres de taille curieusement marquées de lettres grecques a et d’autres ressemblant au symbole planétaire de Vénus, les unes droites, les autres renversées, d’autres encore avec des croix grossières et la lettre T fruste, ils arrivèrent à un espace d’à peu près trois quarts de mille de longueur du nord au sud, et d’un quart de mille de l’est à l’ouest. Il y avait très peu de végétation, excepté au fond de quelques excavations qui semblaient avoir servi de citernes ou de greniers, et qui étaient à moitié remplies de mauvaises herbes et d’une espèce de lichen. Ailleurs, la terre était aussi stérile que si elle avait été semée de sable. Cependant Hérode en parlait comme étant d’une nature grasse et mieux faite pour l’agriculture qu’aucune vallée. Hérode avait aussi creusé des puits profonds en grand nombre à toutes les places qui n’étaient pas habitées[1], au-dessus et autour du palais et devant le mur, et, par ce moyen, il essayait d’avoir de l’eau pour plusieurs usages, comme s’il eût existé des sources.

« A l’extrémité nord et ouest du rocher, et près de la pointe qui est probablement le promontoire blanc mentionné par Josèphe[2], ils remarquèrent une de ces excavations d’une étendue considérable remplie en grande partie des ruines et des décombres de ses propres murs, en même temps que des chardons et des mauvaises herbes de bien des siècles. Dans le coin sud-ouest du rocher, ils en trouvèrent une plus grande encore, bien cimentée, avec une galerie et une suite de quarante marches, éclairée par deux fenêtres sur le côté sud du rocher[3]. Cette grande chambre était garnie de cailloux : très riches, aussi nette et aussi propre que si elle eût été terminée de la veille. Cette chambre les porta à croire qu’il y en avait beaucoup de semblables éclairées par les ouvertures qu’ils avaient vues à l’extérieur du rocher en montant à Sebbeh, mais ils ne purent y pénétrer.

« A la distance d’environ cent pieds au-dessous du sommet nord, sur un rocher inaccessible à pic, ils virent les ruines d’une tour ronde, et à quarante ou cinquante pieds au-dessous, sur un autre rocher, les murs de fondations d’une enceinte carrée avec un mur triangulaire

  1. Je ne me charge pas de défendre la traduction que donne M. Lynch du texte de Josèphe.
  2. Leukè était à trois cents mètres au-dessous du plateau de Masada. M. Lynch fait donc ici une confusion de lieux.
  3. Si c’est la même excavation que celle que j’ai visitée moi-même, j’ai bien mauvaise mémoire, car des quarante marches de l’escalier je ne puis m’en rappeler que quatre ou cinq au plus. Du reste, ces messieurs citent une cave toute différente au même point, et j’ai bien peur qu’il n’y ait également ici confusion.