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SOUVENIR DES ALPES.





Fatigué, brisé, vaincu par l’ennui,
Marchait le voyageur dans la plaine altérée,
Et du sable brûlant la poussière dorée
Voltigeait devant lui.

Devant la pauvre hôtellerie,
Sous un vieux pont, dans un site écarté,
Un flot de cristal argenté
Caressait la rive fleurie.

Deux oisillons, dans un pin d’Italie,
En sautillant s’envoyaient tour à tour
Leur chansonnette ailée, où la mélancolie
Jasait avec l’amour.

Pendant qu’une mule rétive
Piétinait sous le pampre où rit le dieu joufflu,
Sans toucher aux fleurs de la rive,
Le voyageur monta sur le pont vermoulu.

Là, le cœur plein d’un triste et doux mystère,
Il s’arrêta silencieux, —
Le front incliné vers la terre ; —
L’ardent soleil séchait les larmes de ses yeux.