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dernier Salon, son tableau des Premiers Pasteurs nous l’a prouvé. À la prochaine exposition, la grande composition qu’il exécute pour la salle des séances de l’hôtel de ville d’Amiens, et qui représente la Signature de la paix d’Amiens, confirmera la preuve, et montrera l’auteur de l’hémicycle de la Madeleine sous une face toute nouvelle. L’exécution de cette page d’une histoire héroïque, où la réalité se combine si heureusement avec une certaine majesté d’apparat, appartenait de droit à M. Ziégler, que certaines affinités rattachent à l’école espagnole, et particulièrement à Vélasquez. Nous nous rappelons encore la grande tournure et la largeur d’exécution des portraits du Connétable de Sancerre et de Kellermann, et, quelles que soient les difficultés de costume et de disposition que présente l’œuvre que M. Ziégler a entreprise, nous ne doutons pas un seul moment de sa réussite.

D’importans travaux de peinture décorative ont été commandés pour les salles d’attente du conseil d’état et de la cour des comptes, au palais du quai d’Orsay. Cette décoration, qui comprend à la fois des peintures monumentales et des travaux d’ornementation, a été confiée, pour ces derniers travaux, à M. Laurent-Jean, et pour les peintures à MM. Landelle, Ange Tissier et Gigoux. Les travaux de M. Laurent-Jean ont été poussés avec une grande activité ; ils sont exécutés avec goût, et témoignent d’une étude particulière de ce genre de décoration et d’un véritable savoir-faire. Les peintures de MM. Landelle et Ange Tissier, représentant la Loi, le Calcul, la Vigilance et la Prudence, ne sont encore qu’à l’état d’étude ou d’ébauche. M. Gigoux, qui a voulu représenter la source des richesses de l’état ou la production„ nous fait assister aux moissons et aux vendanges ; il a poussé plus loin son travail. Son tableau des Vendanges est même fort avancé. Le cadre de cette peinture est fort étendu, et n’a pas moins de quatre mètres de long sur trois mètres de haut. M. Gigoux l’a rempli fort heureusement. Il ne se sert de son sujet que comme d’un gracieux prétexte pour représenter de jeunes hommes et de jeunes filles naturellement groupés et se montrant sous les attitudes les plus variées : les uns à demi perdus dans les pampres, cueillant les raisins et les chargeant dans des paniers ; les autres suspendus aux treilles ou transportant dans des corbeilles les grappes recueillies et les versant dans de vastes cuves. Cette peinture, disposée avec une largeur qui sent son maître, n’est pas encore terminée. Telle qu’elle est, elle rappelle la simplicité des peintures italiennes de la meilleure époque, auxquelles certains groupes paraissent dérobés. Nous citerons, par exemple, ces deux jeunes filles vêtues de lilas et de rose qui occupent le centre du tableau. On retrouve chez elles cette grace à la fois naturelle et étudiée, et cette forte et élégante désinvolture des personnages des fresques florentines.

D’autres commandes de peinture monumentale ont été également