Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 13.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poursuivie au début avec une ardeur extrême, suspendue et reprise à diverses fois, n’aura été achevée que dans l’année 1851. C’est environ cent quatre-vingt-dix années que ce travail aura duré. L’une de ces peintures, la voussure du midi, qui représente le Triomphe d’Amphitrite, avait été exécutée par Lebrun lui-même. Elle se trouvait dans un affreux état de dégradation, et vient d’être restaurée assez heureusement par M. Poppleton. Lebrun avait, à ce que l’on présume, également mis la main à trois des quatre cartouches du centre de la voûte qui représentaient les quatre parties du jour ; le quatrième, représentant Castor ou l’Etoile du matin, ne fut peint qu’en 1781, par Renou. L’une de ces peintures, l’Aurore, fut détruite, à la fin du dernier siècle, par des couvreurs, qui chargèrent imprudemment de gravois cette partie du plafond ; elle vient d’être rétablie par M. Muller, qui, tout en se conformant au dessin de Lebrun, conservé par la gravure de Saint-André, son élève, a su garder son originalité et un coloris éclatant et harmonieux. Peut-être cependant ce morceau gagnerait-il, si certaines nuances par trop chatoyantes du manteau de la déesse et du groupe des Amours renversant des corbeilles de fleurs étaient légèrement adoucies. Les autres cartouches, représentant le Soir et la Nuit, bien que fort dégradés, ont pu cependant être conservés, grace à la restauration intelligente de M. Poppleton.

Restent le cartouche central, la voussure du nord et les compartimens et médaillons de la courbure de la voûte. Les peintures des quatre compartimens de forme quasi-rectangulaire et s’appuyant sur la corniche représentent les quatre Saisons de l’année, peintes par quatre académiciens comme morceaux de réception : l’Automne, par Taraval, 1769 ; l’Été, par Durameau, 1774 ; l’Hiver, par Lagrenée, 1775 ; le Printemps, par Callet, 1780. L’exécution de ces quatre peintures dura douze années. Les médaillons où sont figurés les Mois ont été peints de même à diverses époques. Tous ces morceaux viennent d’être restaurés, et, on peut le dire pour quelques-uns, achevés. La voussure de l’extrémité nord de la galerie était restée vide. M. Joseph Guichard a été chargé de la remplir, en se servant d’un dessin laissé par Lebrun représentant le Triomphe de Cybèle. C’est une peinture un peu hâtée peut-être, mais fort convenable. M. Guichard a tiré un excellent parti du canevas qui lui était fourni, et auquel il a même apporté d’heureuses modifications. La figure de Cybèle a de la majesté, et le groupe des faunes, des satyres et des nymphes qui accompagnent la déesse en chantant et en jouant des instrumens est bien dans le sentiment de la peinture de Lebrun.

Il y avait enfin à remplir le cinquième grand cartouche, placé au milieu de la galerie et qui occupe, en se cintrant, la largeur entière de la voûte. D’après les plans de Lebrun, ce vaste compartiment devait