Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 13.djvu/1169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

valeur. La Suisse, qui n’a que deux millions et demi d’habitans, est de beaucoup l’état le plus important dans le commerce que la France fait par terre. En 1840, le commerce de la France, importation et exportation, s’est résumé ainsi :


millions
avec la Suisse 161
la Belgique 125
les États Sardes 105
l’Allemagne 98
l’Espagne 72
la Prusse 18
la Hollande 3

Si nous prenons le tableau général du commerce français par terre et par mer, la position de la Suisse vis-à-vis de la France n’est guère moins importante : trois états maritimes seulement prennent rang avant elle, l’Union de l’Amérique du Nord, la Grande-Bretagne et la Sardaigne,


millions
Les États-Unis 312
L’Angleterre 270
La Sardaigne, 174
La Suisse 161
L’Espagne 147

Puis viennent la Belgique, l’Allemagne, la Russie, les Pays-Bas, la Toscane, les villes anséatiques, le Brésil, la Turquie, etc.

En résumé, le projet de M. Stephenson et Swinburne pour l’établissement d’un réseau de chemins de fer dans les cantons démontre, contrairement à l’opinion généralement reçue, qu’il est possible et même facile de construire ces nouvelles voies avec économie et utilité dans les directions principales que suit la circulation en Suisse jusqu’au pied des Alpes. Le rapport présenté par M. Coindet au département des travaux publics de la confédération reprend, au point de vue des intérêts commerciaux de la Suisse, la question traitée par les ingénieurs anglais au point de vue de l’exécution matérielle. Il est évident désormais que, par suite de l’établissement des chemins de fer, les rapports entre la confédération helvétique et les états qui l’avoisinent devront subir des modifications importantes ; il est évident aussi que, pour introduire ces modifications dans sa politique commerciale, la Suisse dispose, grace à ses institutions unitaires, de moyens qu’elle ne possédait pas avant 1848. Il y a là en germe toute une situation nouvelle à laquelle le commerce européen, le commerce français surtout, doit se préparer.


G. BONNET

de Genève.