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les suffrages, et attirèrent long-temps la foule par la bonne composition de leur répertoire, à la fois décent et varié. Ils jouèrent successivement, pendant les années 1804 et 1805, le Chevalier brigand, la Jeune Antonia, Geneviève de Brabant, Mariana ou le Brigand féminin, Trajan et Domitien, la Nuit du meurtre en Ethiopie, Fanny et Durmon, don Juan, Médée, Alceste, Aman et Esther, Judith et Holopherne, l’Enfant prodigue[1]. Les marionnettes redevinrent si bien à la mode, que quelques poètes distingués se remirent à écrire pour elles. Auguste Mah1mann, auteur de plusieurs ouvrages estimés, publia à Leipzig, en 4806, sous le titre de Marionettentheater, un volume qui contenait quatre petites pièces de ce genre : le roi Violon et la princesse Clarinette, l’Enterrement et la résurrection du docteur Pandolfo, la Nouvelle Zurli ou la Prophétie, et Arlequin raccommodeur de mariage.

Dreher et Schütz, après quelques courses, notamment à Breslau, se séparèrent. Schütz s’établit à Potsdam, et revint, en 1807, à Berlin, donner de nouvelles représentations qui furent encore très suivies. Une de ses affiches, du 12 novembre 1807, commence ainsi : « A la demande de beaucoup de personnes, on donnera le Docteur Faust. » Il avait rouvert son théâtre à Berlin par une pièce intitulée Bourgeois et Propriétaire à Potsdam, qui contenait probablement des allusions à son nouvel établissement dans cette ville. Outre Faust, il jouait un vieux drame dont Wagner, le famulus, l’élève attardé de Faust, était le personnage principal. Elle était intitulée : le Docteur Wagner ou la Descente de Faust en enfer, et avait porté autrefois pour second titre : Infelix sapientia. Ce second Faust était loin de valoir le premier. Schütz, assez lettré et auteur lui-même, se réservait d’ordinaire les premiers rôles, c’est-à-dire don Juan, Faust, Casperle ; il affectionnait ce dernier, où il était fort goûté, surtout dans une petite comédie de sa composition : Casperle et sa famille. Deux opéras-comiques figuraient encore, à cette époque, dans son répertoire, Adolphe et Clara et la Bague enchantée[2]. Après un assez long intervalle, Schütz revint à Berlin en 1820. M. François Horn le vit alors faire jouer trois pièces par sa troupe, Don Juan, Faust, et un drame romanesque et probablement féerique, la Belle-Mère ou l’Esprit de la montagne[3].

  1. Von der Hagen, Das alte und neue Spiel von doctor Faust (l’ancienne et la nouvelle pièce de Faust). Voyez Germania, 1841, t. IV, p. 211-224, et Das Closter, t. V, p. 730. M. von der Hagen dit que Dreher et Schütz vinrent à Berlin quarante ans avant l’époque où il écrivait, ce qui, en prenant ces mots à la lettre, fixerait les représentations de Faust données par ces artistes à 1801.
  2. Von der Hagen, ibid., et Das Closter, t. V, p. 730 et 731.
  3. Franz. Horn, Faust, ein Gemälde… (Faust, tableau d’après l’ancien allemand), extrait de Freundlicher Schriften… (Joyeux écrits pour de joyeux lecteurs), t. II, p. 51-80, et Das Closter, t. V, p. 652 et suiv.