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CABECILLAS Y GUERRILLEROS


SCENES DE LA VIE MILITAIRE AU MEXIQUE.




LE SOLDAT CUREÑO.[1]




La route de Guadalajara à Tepic traverse la Sierra-Madre. Là encore, dans cette chaîne de montagnes aux flancs arides, qui tour à tour se dressent en pics aigus ou se déchirent en âpres défilés, la guerre de l’indépendance a laissé d’ineffaçables souvenirs. J’étais impatient de visiter cette curieuse partie du Mexique, et de son côté le capitaine don Ruperto avait grande hâte de se retrouver sur ces plateaux de la sierra qui lui rappelaient tant de journées, tant de nuits aventureuses de sa jeunesse : ce ne fut pourtant qu’en débouchant dans la plaine de Santa-Isabel, deux jours après avoir quitté le village d’Ahuacatlan, que nous aperçûmes enfin à l’horizon les dentelures bleuâtres de la Cordilière. Dès ce moment, nous pressâmes le pas d’un commun accord, et quelques heures de course à travers les hautes herbes nous conduisirent, à peu de distance des montagnes, devant une hutte de bambous que le capitaine Ruperto m’avait d’avance indiquée comme lieu de halte.

— Holà ! Cureño, cria le capitaine en arrêtant son cheval devant la hutte ; holà ! êtes-vous encore mort ou vivant ?

  1. Voir les livraisons du 15 octobre et du 15 novembre 18(à.