Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/836

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au titre de la parenté, qu’au septième degré, et Henri IV n’était parent de Henri III qu’au vingt-deuxième : tant il est vrai que la royauté était considérée alors non-seulement comme le faîte et la garantie de l’ordre social, mais comme un droit existant par lui-même et survivant à tous les naufrages.

Le rétablissement de la royauté a été dû avant tout à ce puissant tiers-parti qu’il ne faut pas confondre avec les pâles et indécises combinaisons qui, de nos jours, abritent leur faiblesse sous cette vieille enseigne. « Je n’ai point eu la prétention, a dit un homme d’état éminent, d’offrir en peu de mots, et, d’un trait rapide, le tableau de ces vies qui, comme celle d’Étienne Pasquier, se sont écoulées honorables et pures, toujours attachées à la loi du devoir. Qu’il me suffise d’ajouter qu’ils n’ont jamais faibli, dans les circonstances les plus critiques et au milieu des périls, en présence desquels les plus fermes courages auraient pu êtres ébranlés, ces hommes dévoués, qui n’avaient pour défense que le bon droit et leur conscience. Les Loisel, les Pithou, les Sainte-Marthe, les Molé, les de Harlay, les de Thou, les Ayrault, les Brinon, n’ont pas été seulement d’éminens magistrats ou de savans jurisconsultes ; ils ont été d’excellens et quelquefois même de grands citoyens. Oserai-je le dire enfin ? Ils ont sauvé l’honneur de leur temps. Que serait-il, ce temps, aux yeux d’une postérité impartiale, si elle ne devait voir que tant de criminelles entreprises, tant de violences, tant de féroces actions, les plus saintes choses employées à susciter les plus odieux attentats, et tant de souillures jusque dans les plus hauts rangs[1] ? » Peut-être, dans ces paroles où l’éloquence n’est que l’expression de la justice, y a-t-il quelque chose d’un peu exclusif. Dans un siècle qui commence avec Bayard et finit avec le brave Lanoue, la vertu militaire avait aussi ses représentans ; mais il est hors de doute qu’à cette époque la magistrature et surtout le parlement de Paris contribuèrent puissamment à rétablir l’état, à sauver la France, et, si quelqu’un était bien en droit de le dire, c’est le digne héritier de l’un des beaux noms de la magistrature française.

En suivant avec attention les Guise depuis leur point de départ jusqu’aux extrêmes limites de leur carrière, on sent qu’il ne leur appartient pas de décider en dernier ressort d’un pays tel que la France. Quel que soit l’éclat du rôle qu’ils y jouent, l’importance de la part qu’ils prennent à ses affaires, l’étendue de leur influence sur les événemens et leur domination sur les esprits, dès le début quelque chose nous dit qu’en dernier résultat ils ne travaillent pas pour eux-mêmes et que d’autres profiteront de leurs efforts. Dans leur moment le plus brillant,

  1. M. le duc Pasquier, Introduction aux Institutes de Justinien, par Étienne Pasquier, Paris, 1847.