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lieu à une correspondance dont il nous paraît utile, à divers titres, de reproduire ici quelques extraits.


M. BONHAM AU COMMISSAIRE IMPÉRIAL SEU.

Hong-kong, 8 mars 1850.

« J’informe votre excellence que, le 3 du courant, Wan, commandant de Tapang, a annoncé au principal magistrat de cette colonie la présence de pirates sur la côte-est… en requérant l’assistance d’un bateau à vapeur anglais. La mousson était trop forte pour que les jonques pussent joindre l’ennemi en temps utile. Wan offrait de rembourser le prix du charbon.

« Nous avons expédié un bateau à vapeur qui, après avoir pris à bord un certain nombre d’officiers et de soldats chinois désignés par le commandant Wan, se rendit à Ka-to, où il trouva treize jonques de pirates…

« Le bateau à vapeur, après avoir accompli sa mission, sans éprouver de pertes, est revenu à Hong-kong avec plusieurs prisonniers… qui ont été livrés à la justice chinoise.

« Quant à la dépense de charbon ; je ne saurais acceptés la proposition de remboursement qui a été faite par le commandant Wan. Un tel procédé serait contraire aux usages de ma nation ; mais je puis, à cette occasion, vous faire remarquer que le charbon est un article dont nous avons constamment besoin et que nous sommes obligés d’apporter de fort loin et à grands frais, tandis que, près d’ici, à Kilong, dans l’île de Formose, on peut facilement se le procurer. Si le gouvernement de votre excellence voulait bien conseiller aux habitans de Formose d’en envoler quelques cargaisons à Hong-kong, nos négocians s’empresseraient de les acheter, ou bien encore nos navires iraient les prendre. Il est évident que cet échange serait avantageux aux deux pays et nous mettrait en mesure de prêter assistance au gouvernement chinois toutes les fois que les mandarins s’adresseraient à nous, comme ils viennent de le faire, pour concourir avec eux à la destruction des pirates.

« Nous serons toujours heureux de venir a votre aide ; je l’ai déjà dit plusieurs fois à votre excellence, et je m’empresse de le répéter. »

Voici la réponse du commissaire impérial.


SEU, HAUT COMMISSAIRE IMPÉRIAL, GOUVERNEUR-GÉNÉRAL. DES DEUX KWANG, A SON EXCELLENCE M. BONHAM.

« J’ai reçu la lettre par laquelle vous m’informez que… (Suit l’énumération des faits relatés ci-dessus.)

« Cette preuve de la bonne entente que le gouvernement de votre excellence désire entretenir avec le mien m’a causé la plus vive satisfaction.

« Relativement à Formose, lorsque votre excellence nous a marqué tant d’amitié en nous prêtant le secours dont nous avions besoin, pourrais-je, à mon tour, ne pas céder au mouvement si naturel qui encourage l’échange de bons offices ? Mais l’île de Formose dépend d’une province voisine ; elle n’est point sous ma juridiction, et je ne suis pas en mesure de traiter officiellement les affaires qui la concernent. Le charbon est un article de consommation