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PEPITA

RÉCIT DE LA PAMPA.

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I.


Partis depuis sept jours de Buenos-Ayres, nous avions traversé la province de ce nom, l’une des plus étendues de la confédération du Rio de la Plata, et celle de Santa-Fé : nous espérions arriver le lendemain soir à Cordova. Aux plaines interminables qui avaient si long-temps fatigué nos regards succédait un pays plus riant, coupé de frais ruisseaux et couvert en maints endroits d’une belle végétation. D’abord de chétifs caroubiers aux rameaux épineux, chargés de vieux nids de perroquets, s’étaient montrés à nos regards ; bientôt, les saules plantés par la nature au bord des eaux se mêlant à d’autres arbres plus vigoureux, les buissons épineux s’épaississant de plus en plus, nous avions fini par nous trouver en pleine forêt. Nos chevaux trottaient vivement sur un sol léger et sablonneux ; les oiseaux chantaient. Il s’en fallait bien de deux heures que le soleil ne fût couché, et une lieue à peine nous séparait de la maison de poste où nous devions relayer. Cette maison était située au carrefour (esquina) où viennent aboutir les deux grandes routes qui relient l’Océan Pacifique à l’Atlantique : l’une, celle du nord, qui conduit en Bolivie et au Pérou par Tucuman et Salta ; l’autre, celle du sud-ouest, qui mène au Chili en passant par San-Luis et Mendoza. Un jour, il faut l’espérer, une ville se bâtira au point de jonction de ces deux voies de communication si importantes ; toujours est-il qu’à l’époque où je m’y arrêtai, on n’y voyait d’autre habitation que la maison de poste.