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l’unité de commandement est indispensable dans la guerre de montagne, où les corps détaches n’ont d’importance qu’autant qu’ils servent à un ensemble d’opérations. On comprit surtout combien il est essentiel que l’esprit du chef vive au sein de la contrée insurgée pour communiquer le mouvement et la vie à tous les élémens épars, de l’insurrection. Il y eut encore bien des actions héroïques depuis la mort de Zumalacarregui ; mais ce n’était déjà plus la guerre, c’était une collision. Les rivalités de commandement s’en mêlèrent : on ne sut bientôt plus s’il valait mieux attaquer ou se défendre. La jalousie des chefs ne fît que mieux ressortir leur impuissance ; une victoire même devenait aussi désastreuse pour les insurgés qu’une défaite. La mésintelligence des chefs prépara les défections jusqu’au jour ou Maroto ; après avoir fait fusiller à Estella quelques lieutenans de Zumalacarregui hostiles à ses projets, signa le traité de Bergara, qui interrompit si honteusement pour les deux partis une guerre où l’un ne savait plus résister, où l’autre ne savait pas vaincre[1].

Si cette guerre, interrompue, mais non dénouée, recommence dans ces monts de la Navarre où l’on éveille si aisément les échos guerriers, on y trouvera vivant encore le souvenir de Zumalacarregui. Plaise au ciel, pour le repos de l’Espagne, que ce héros de l’insurrection ne trouve personne de taille à profiter de son exemple !


FRANCOIS DUCUING.

  1. Cette dernière époque de la guerre a été décrite ici même ; voyez Cabrera dans le n° du 15 avril 1840, Espartero dans celui du 15 août suivant.