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avait ménagé ses bataillons en ne les envoyant que successivement au combat, qui était concentré sur le pont. Après avoir épuisé Cordova ; le chef carliste put donc se porter à la rencontre d’Oraa avec le gros de ses bataillons, excités plutôt que fatigués par leur victoire d’Arquijas. Il l’atteignit à Gastiain, dans la vallée de Llana, à l’entrée de la nuit. Oraa put s’abriter sur le rocher de la Gallina, mais après avoir perdu environ quatre cents hommes dans le combat de Bastiain. On célébra à Madrid comme une grande victoire la double affaire de Mendaza et d’Arquijas. L’on eut raison peut être, car, si Iturralde ne s’était pas découvert mal à propos à Mendaza ; l’armée de la reine eût couru grand risque d’être détruite, ce qui aurait livré à Zumala la route de Madrid.

Dans le cours du mois de janvier 1833, des changemens politiques amenèrent le général Valdès au ministère de la guerre. Le général Cordova, de mauvaise humeur et malade, s’était retiré, et le commandement de l’armée de Navarre était passé aux mains de Lorenzo, Mina étant encore retenu à Pampelune par le mauvais état de sa santé. Lorenzo, croyant mieux réussir que Cordova contre Zumalacarregui, brûlait de se mesurer avec lui. Le général carliste lui en fournit l’occasion le 4 février, et dans le même endroit où il avait attendu Cordova le 15 décembre 1834, c’est à dire au pont d’Arquijas. Lorenzo attaqua les carlistes avec les mêmes forces qu’avait Cordova et secondé par le même général Oraa ; mais en vain son artillerie, placée à la chapelle qui domine le pont, tonna-t-elle toute la journée contre les carlistes échelonnés derrière l’Ega jusqu’au village de Zuniga : Lorenzo ne put traverser la rivière. Il n’avait pas mieux réussi que Cordova ; comme lui, il fut obligé de résigner le commandement de l’armée.

Cependant l’investissement des garnisons par les aduaneros continuait toujours et forçait les colonnes christines à courir sans cesse d’un point à un autre, soit pour délivrer les garnisons bloquées, soit pour les ravitailler. L’approvisionnement de ces postes devenait plus difficile avec l’hiver, et en outre Zumalacarregui employa à les investir des colonnes entières, au lieu d’y employer seulement des partidas ou compagnies volantes. Mina, voyant toutes ses garnisons bloquées successivement par les carlistes, fit évacuer tous les points fortifiés qui ne lui étaient pas indispensables, et se dirigea lui-même pour la seconde fois vers le Bastan avec le gros de ses forces. Il sortit de Pampelune le 10 mars. Deux jours auparavant, Zumalacarregui avait éprouvé un échec sur l’Arga, au pont de Mendigorria. Contre son habitude, il s’était engagé dans une position désavantageuse ; il la défendit courageusement, mais il fut repoussé avec une perte de près de trois cents hommes.

La concentration des troupes de la reine vers le Bastan se fit avec