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guerrilla. Général, il venait pour laisser sa gloire aux lieux mêmes où, partisan, il l’avait conquise. À son entrée à Pampelune, le 30 octobre, il recevait comme présage la nouvelle du double succès de son adversaire dans la plaine de Vittoria. Avant que Mina, vieux et malade, eût pu quitter Pampelune, l’actif et infatigable chef des carlistes armait de nouveaux bataillons avec les dépouilles des ennemis, allait les ravitailler dans les riches villages de la Ribera, et promenait le prétendant sur les bords de l’Èbre. Pendant que, dans cette excursion à travers la Ribera, Zumalacarregui brûlait les postes fortifiés qu’il ne pouvait assiéger faute d’artillerie, pendant qu’il enfumait dans un clocher les femmes et les enfans que des miliciens christinos y avaient enfermés avec eux, et cravachait brutalement les malheureuses qui avaient échappé à l’incendie, Mina faisait fusiller à Pampelune quelques alcades soupçonnés d’avoir livré aux carlistes des rations que ceux-ci demandaient, le sabre levé. Ces atrocités gratuites étaient à l’ordre du jour des deux partis.

Les avantages obtenus faisaient à Zumala une nécessité de changer son système de guerre. Il ne pouvait plus se contenter désormais d’un succès d’escarmouches ; son armée était grossie à mesure que l’armée de la reine s’était affaiblie. Il lui fallait donc un succès de vraie bataille. Une bataille gagnée pouvait seule lui ouvrir le chemin de Madrid, qui brillait à ses yeux et aux yeux de son armée, comme la récompense promise à leurs efforts. L’état de sa santé avait obligé Mina à laisser le commandement de son armée au jeune et brillant Cordova, qui par bonheur se trouva être un bon général sans jamais avoir appris la guerre. Zumalacarregui provoqua Cordova dans le même endroit où il avait été vaincu par Lorenzo l’année précédente, à Asarta, dans la Berrueza.

Cordova prit le temps de réunir à Los Arcos les divisions de Lopez et d’Oraa, et se rendit au rendez vous le 12 décembre au matin. De Los Arcos, en suivant la direction de Cordova, du sud au nord, on arrive à un vallon resserré entre des rochers, qui aboutit au pont d’Arquijas. L’Éga entoure ce vallon dans toute sa partie supérieure. À droite, on rencontre le village d’Asarta, adossé aux flancs des rochers c’est là que Zumalacarregui avait porté son aile gauche, composée de quatre bataillons qu’il commandait lui-même. En face d’Asarta, de l’autre côté du vallon, on voit le village de Mendaza : c’est en avant de ce village Qu’Iturralde avait été embusqué dans les rochers avec quatre bataillons qui formaient l’aile droite La distance d’Asana à Mendaza est d’un kilomètre ; cet espace, qui est la largeur du vallon, était occupé par Villaréal avec trois bataillons et la cavalerie, qui formaient le centre. Cordova porta sa tête de colonne sur le centre des carlistes. S’il avait engagé la bataillé dans cette direction, les carlistes, quoiqu’avec