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pointe dans la Vieille-Castille, à trois lieues au delà de Logroño, pour s’emparer d’un convoi de fusils et de cartouches avec lesquels le chef carliste armait les nouveaux bataillons dont la junte insurrectionnelle avait ordonné la levée. Toutes les divisions se mirent alors en mouvement pour envelopper l’audacieux guerrillero, et s’échelonnèrent sur la route qu’il devait suivre pour retourner en Navarre. On était vers le milieu d’octobre. Voici quelle était la position des belligérans au 26 du même mois. Zumala se trouvait à Santa-Cruz, dans la Berroeza ; mais il était enveloppé de tous côtés par les divisions ennemies, à sa droite par Oraa et Lorenzo postés à Los Arcos, à sa gauche par Osma, prêt à faire une sortie de Vittoria, au midi par Cordova et le général de la Vieille Castille à cheval sur l’Ebre enfin au nord par O’Doyle qui se trouvait à Alegria avec sa division, appelée entre Vittoria et Salvatierra. Il importait à Zumala de briser au plus vite ce cercle, qui allait l’étreindre de toutes parts ; mais il fallait bien choisir le point d’attaque, de façon à pouvoir échapper aux autres divisions ennemies.

Le 27 au matin, il se porta avec le gros de ses forces en vue de la plaine de Vittoria, à portée de la division d’O’Doyle. Dans le même temps, Iturralde, avec trois bataillons, occupait sur la même ligne le port d’Herenchun, plus rapproché d’Alegria. Des hauteurs où il se trouvait, Zumala vit s’avancer sur la route un fort détachement chargé de butin ; c’était la garnison de Salvatierra qui rentrait à son poste, après avoir rançonné les villages voisins. Profitant, aussitôt de cet heureux hasard pour attirer O’Doyle sur la route, il expédia quelques compagnies contre la garnison, qui s’éloignait vers Salvatierra. Le bruit de la fusillade attira en effet O’Doyle, qui se porta avec sa division au secours du convoi attaque. Pendant qy’O’Doyle s’avançait, Ituralde descendit vers Algeria, de telle sorte que lorsque le général christino arriva en face de Zumalacarregui, il se trouva, sans le savoir, entre deux feux. Le combat était commencé lorsque Iturralde survint. La division d’O’Doyle fut enveloppée et détruite, moins deux cents hommes que ne put atteindre la cavalerie carliste, et qui se réfugièrent dans village d’Arrieta ; elle laissait aux mains des carlistes ses canons, ses drapeaux et tout son état major, y compris O’Doyle, fait prisonnier. Nul colonnes étaient sorties des villages voisins d’Alegria pour se porter au secours d’O’Doyle ; elles furent aussi battues et dispersées par les carlistes.

Algeria est à deux lieues de Vittoria. Les fuyards y eurent bientôt porté la nouvelle de la complète destruction de la division d’O’Doyle. Cependant, comme on entendit dans la nuit la vive fusillade par laquelle les assiégés d’Arrieta répondaient aux carlistes, le général Osma sortit de grand matin de Vittoria avec trois mille hommes et quatre