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que deux compagnies. Ce bataillon fut destiné aux surprises de nuit aux combats d’avant-garde, aux expéditions de coups de main : Zumalacarregui ne s’en séparait jamais.

Tous les jours, les principales garnisons faisaient sortir une escorte sur la route, afin de ramasser les carlistes qu’Oraa, Figueras ou Lorenzo auraient relancés hors de leurs vallées. Un jour, Zumalacarregui, apprenant que l’escorte d’Estella devait sortir sous le commandement du général Carondelet, alla se poster dans un endroit où la route d’Estella se trouve resserrée entre les rochers de San Fausto. Les christinos s’avançaient sans défiance, quand ils se virent de toutes parts assaillis par les carlistes embusqués. L’escorte presque tout entière fut détruite. Oraa, était si proche de cet endroit qu’il entendit la fusillade et il s’empressa d’arriver avec sa division. Il trouva la route jonchée de morts, mais Zumalacarregui avait déjà disparu.

Quelques, jours après, ce malheureux Carondelet se trouvait cantonné à Viana, sur les bords de l’Ebre, avec un corps de cavalerie et un bataillon d’infanterie. Zumala passa aussitôt entre les deux divisions d’Oraa et de Lorenzo, et gagna la vallée de Santa-Cruz en vue de Viana. La journée était brûlante, et il est probable que la garnison de Viana faisait la sieste. Zumalacarregui surprit donc les christinos, et Carondelet eut à peine le temps de ranger ses escadrons dans la plaine derrière le village. Les carlistes avaient pour toute cavalerie deux cent soixante lanciers, qui n’avaient jamais encore été engagés ! aussi hésitèrent-ils à attaquer les escadrons de Carondelet, forts de quatre cent cinquante hommes ; mais Zumala, survenant, se mit à leur tête, et la cavalerie christine fut si vigoureusement menée que ses débris furent repoussés au-delà de l’Èbre, jusqu’à Logroño.

Zumala avait usé du même stratagème contre la division de Figueras. Oraa et Figueras, après avoir vainement cherché les bataillons carlistes dans les Amescoas, revenaient vers Estella avec leurs équipages, en défilant du port d’Eraul au village d’Abarzuza. Zumala, qui les observait, laissa leurs colonnes se dérouler sur les sentiers étroits des montagnes, et, pendant qu’un de ses bataillons, caché par l’épaisseur des bois d’Yranzo, attaquait leur avant-garde, lui-même se précipitait avec quatre compagnies, sur leur arrière-garde, où était le convoi, et enlevait hommes et butin avant que Figueras eût eu le temps de se replier pour repousser l’attaque. C’est ainsi que le général carliste prenait ses adversaires dans les piéges mêmes qu’ils lui tendaient.

Pendant que le bruit de ces événemens arrivait à Madrid, on s’y demandait ce qu’était devenu Rodil avec sa puissante armée. Rodil était toujours, avec ses douze mille hommes, à la poursuite de don Carlos et d’Eraso. Il donna ainsi à Zumala le temps de pousser une