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vers le Bastan, tandis que lui-même se faisait poursuivre vers Estella par la division Lorenzo. Quesada apprenait, quelques jours après, la défaite de Lorenzo, que Zumalacarregui poursuivit l’épée aux reins jusqu’aux portes d’Estella ; mais à peine le général christino, revenant sur ses pas, eut-il rejoint Lorenzo, qu’il apprenait de nouveau l’irruption de son adversaire sur Vittoria. Zumalacarregui avait fait dix-huit lieux dans la nuit. Pendant qu’on le cherchait dans l’Alava, Zumalacarregui était déjà à l’extrémité opposée, sur la frontière de l’Aragon. Il fallut l’y suivre ; mais alors il était dans la Borunda. Quesada, Oraa et Linares se réunirent pour l’y enfermer. Cette fois encore il n’était plus temps. Alors les généraux christinos se réunirent contre Eraso, ne pouvant atteindre Zumala. Celui ci, pour délivrer Eraso par une diversion hardie, passa l’Ébre et surprit Calahorra. Eraso était délivré. Zumala, ayant repassé l’Ebre avant que ses adversaires eussent pu lui couper la retraite, se jeta dans les montagnes d’Alda, dans la Berrueza. Les trois divisions qui suivaient sa piste l’y cernèrent : il glissa dans leurs mains pendant la nuit par le port de Contrasta, occupé cependant par la division d’Oraa. Après avoir bien fatigué l’ennemi par ces courses épuisantes, Zumala alla ravitailler ses troupes dans le Bastan, pendant que Quesada se reposait à Vittoria. Cependant, lorsque celui ci voulut revenir à Pampelune, le 21 avril, Zumala était déjà là pour lui en fermer la route quoiqu’avec des forces bien inférieures. Quesada, sorti le matin de Salvatierra à la tête de ses troupes d’élite et suivi d’un convoi considérable, s’avançait par la route royale de Pampelune, quand Zumalacarregui, venant d’Etcharri-Aranaz, atteignit le hameau d’Iturmendi, où les deux avant-gardes se heurtèrent. Comme Zumala prit aussitôt l’offensive, Quesada se figura que son adversaire l’attaquait avec toutes ses forces, tandis que, par le fait, le chef carliste n’avait que cinq bataillons, dont deux d’Alava, déjà fatigués par une marche forcée, Déconcerté par cette attaque imprévue, Quesada ne sut que résoudre. Au lieu de se porter en avant pour s’abriter derrière les postes fortifiés qui protégeaient la route, et rougissant de retourner vers Salvatierra, il se jeta à droite sur le chemin qui d’Alsassua conduit à Segura, à travers les bois et les défilés. Les Navarrais y eurent bientôt atteint leurs adversaires, moins agiles. À la sortie du bois d’Alsassua, ils rencontrèrent l’arrière-garde, qui leur résista bravement, sous la conduite d’O’Donnel, fils unique du comte d’Abisbal, qui fut fait prisonnier. La résistance héroïque de cette arrière-garde sauva la colonne de Quesada d’une complète destruction. À neuf heures du soir, les christinos, poursuivis et battus, arrivaient à Ségura, d’où Quesada, ne se croyant pas encore en sûreté, les conduisit en désordre jusqu’à Villafranca, en Guipuzcoa.

À partir du combat d’Alsassua, Zumalacarregui ne cessa pas de prendre