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c’est-à-dire au point d’intersection qui la partage en deux portions de 90 degrés chacune.

Le plus ancien témoignage de l’existence du méridien central d’origine indienne, c’est-à-dire du méridien ou coupole d’Arin, a été retrouvé dans Albategnius par M. Reinaud, qui en a aussi découvert la mention dans les Tables astronomiques d’Arzakhel, composées à Tolède vers l’an 1070. Ce fut de cette manière, par le canal des Arabes, que la notion de ce méridien passa en Occident, et le même savant en a suivi la très curieuse filiation dans les Tables Alphonsines, qui sont du XIIIe siècle, — dans l’Opus Majus de Roger Bacon, qui date de la fin de ce même siècle, dans l’Imago Mundi du cardinal Pierre d’Ailly, qui écrivait vers 1410, et enfin dans deux fragmens des lettres de Christophe Colomb.

Après avoir parlé des méthodes employées par les Arabes pour déterminer les longitudes et les latitudes, de la graduation de leurs cartes, de leurs mesures itinéraires, on est amené à discuter l’une des questions les plus importantes que soulève l’histoire de la géographie mathématique, celle qui est relative au essais tentés pour déterminer l’étendue de la circonférence du globe.

Les auteurs grecs et romains nous ont conservé la mention de diverses mesures entreprises par suite de ces essais et indiquées en stades : comme il y avait des stades de plusieurs sortes, quelques érudits ont pensé que, de même que pour le mille et la parasange des Arabes, la différence entre ces mesures était plutôt apparente que réelle. Aristote attribuait quatre cent mille stades à la circonférence terrestre ; Hipparque, deux cent cinquante-deux mille ; Ptolémée, cent quatre vingt mille. Les Chaldéens avaient, dit on, estimé cette longueur à trois cent mille stades. On s’est demandé si ces appréciations reposaient sur la mesure réelle d’une portion quelconque de l’arc d’un cercle de la sphère. On sait qu’Ératosthène, qui vivait en Égypte sous les Ptolémées, essaya de mesurer l’arc céleste qui répond à la distance d’Alexandrie à Syène ; mais ce savant astronome, s’étant imaginé à tort que ces deux villes étaient placées sous le même méridien crut, qu’il suffisait, avec les moyens imparfaits qui étaient à sa disposition, de fixer leur latitude respective. Ce premier calcul une fois fait, il prit note du nombre des stades que les voyageurs comptaient entre Alexandrie et Syène, et en déduisit la valeur du degré terrestre.

Les Arabes à leur tour s’occupèrent à déterminer l’étendue de la circonférence du globe. Leurs auteurs varient dans les détails qu’ils donnent de cette option ; mais ils ne laissent aucune incertitude sur le résultat général qui fut obtenu. Les témoignages cités par M. Reinaud démontrent que, sous le règne d’Almamoun, la mesure d’un degré terrestre fut exécutée à plusieurs reprises et dans diverses localités. Les astronomes grecs, et parmi eux Ptolémée, avaient, au rapport d’Aboulféda, assigné soixante-six milles et deux tiers au degré. Les travaux ordonnés par le khalife Almamoun réduisirent cette mesure à cinquante-six mille deux tiers, ou cinquante-six milles sans fraction. Cette différence de deux tiers tenait aux erreurs inséparables de l’opération ; le dernier chiffre, celui de cinquante-six mille au degré, fut, dans la suite, admis comme constant, et devint la base des nombreuses applications qui sont du ressort de la science géographique.

Une conséquence des recherches des Arabes fut la réforme qu’ils opérèrent