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LITTERATURE DRAMATIQUE.




LE JOUEUR DE FLUTE.


LES COMEDIES DE M. AUGIER.




S’il y a au monde un genre de travail qui exige impérieusement la maturité de l’intelligence et du cœur, c’est à coup sûr le travail du poète comique. M. Augier a trop peu vécu pour connaître à fond les hommes qu’il veut peindre. La tâche que se propose le poète comique n’est pas de celles qui peuvent se concilier avec les espérances et les illusions de la jeunesse ; pour comprendre pleinement, pour accomplir sans distraction la mission de la comédie, il faut avoir vu l’envers de toute chose, et le poète qui ne compte pas encore trente ans ne peut guère espérer qu’il lui soit donné dès à présent d’atteindre ce but difficile. Si j’essaie aujourd’hui d’estimer la valeur littéraire de M. Augier, ce n’est donc pas avec la prétention d’exprimer une opinion définitive. Ce qui me préoccupe surtout, c’est la comparaison des œuvres avec le succès qu’elles ont obtenu, c’est l’étude du public aussi bien que l’étude de l’auteur. La Ciguë, Un Homme de bien, l’Aventurière, Gabrielle, le Joueur de flûte, très différens par le choix des sujets et des personnages, sont unis entre eux par la parenté des pensées et du langage. Je retrouve dans toutes ces comédies les mêmes idées, les mêmes sentimens, sous des costumes, sous des noms divers. Il n’est donc pas impossible de former avec ces idées, avec ces sentimens, une