Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/644

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans son traité de géographie, qui a pour titre : Takwym Alboldan, ou Position des Pays ; mais, pour déterminer l’origine des élémens dont il se compose et en apprécier la valeur, il est nécessaire auparavant de faire connaître la longue suite des auteurs que le prince de Hamat a consultés.


II. — DES ÉTUDES ASTRONOMIQUES CHEZ LES ARABES AVANT ABOULFEDA.

Si les Phéniciens furent pendant long temps les principaux agens du commerce oriental dans l’antiquité, nous savons par d’autres témoignages que les peuples de l’Arabie méridionale, qui, par leur position, ont dû devenir de bonne heure navigateurs et marchands, y prirent une part très active. Agatharchide nous apprend que c’est chez les Arabes que les Phéniciens allaient s’approvisionner des marchandises qui, pendant des siècles, enrichirent Tyr et Sidon. Les Grecs qui pénétrèrent les premiers dans lamer Erythrée trouvèrent les Arabes Sabéens en possession du commerce de l’Inde ; ils s’y rendaient dans des barques recouvertes de cuirs, et dans la construction desquelles il n’entrait pas un clou. Ces voyages maritimes, réduits à l’état de cabotage, à cause de l’imperfection de la navigation à cette époque, remontent à une très haute antiquité. Petra et Maccoraba, qui a été, plus tard la Mecque, étaient deux marché, considérables où affluaient les productions de la contrée des Sabéens et celles qui arrivaient à Mariaba, principale ville de ce pays. Ces richesses et le nombre des villes que l’Arabie renfermait avaient inspiré à Alexandre le désir d’y porter ses armes, et Arrien, qui nous fait connaître ce projet du conquérant. macédonien, met au nombre des productions de l’Arabie des denrées évidemment originaires de l’Inde ou de Ceylan, comme la cannelle, le laurus cassia (sorte de cannelle) et le nard. Chez les Sabéens, qu’Auguste essaya vainement de soumettre à sa domination, de simples particuliers possédaient, au dire de quelques historiens, une opulence égale à celle des rois. Ces trésors n’avaient pu s’accumuler, ces villes n’avaient pu devenir florissantes que par un commerce régulier, et déjà ancien au temps d’Alexandre, des peuples de l’Arabie avec l’Inde et peut être avec des contrées plus reculées vers l’Orient, ainsi que par des relations long temps entretenues avec les nations qui venaient se fournir, chez les Arabes, des denrées que l’Inde produit. Sous les premiers empereurs romains, la partie orientale de la côte d’Afrique où est situé le promontoire des Aromates était dans la dépendance des Arabes, maîtres de tout le commerce qui s’y faisait, et un de leurs souverains s’y était attribué une sorte de monopole.

Il ne nous est parvenu aucune tradition, aucun monument écrit qui puisse nous autoriser à penser que les Arabes, dans cette période reculée, aient essayé de rédiger une description des pays où les conduisaient ce commerce et leurs navigations dans la mer des Indes. Tout nous porte à supposer que ces notions, qui durent se borner à la simple connaissance des points du littoral que fréquentaient leurs navires, se perpétuaient par une transmission orale et secrète parmi les populations de l’Arabie méridionale enrichies par ce négoce. C’est ainsi que nous voyons dans Hérodote les Phéniciens dissimuler la provenance de certaines denrées dont ils avaient le monopole et débiter à ce sujet des fables imaginées évidemment par la précaution jalouse d’un peuple marchand qui craint la concurrence étrangère.

À cette époque, les tribus de la péninsule arabique n’avaient, sur le système