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et d’une belle reproduction en taille-douce des Noces de Cana ; — MI. Pollet, dont le double talent s’est manifesté dans quelques estampes et dans de nombreux dessins d’après les grands maîtres italiens ; — M. Aristide Louis ; — enfin MM. François, que l’on peut regarder comme les meilleurs élèves de M. Henriquel-Dupont. L’aîné de ces deux frères s’est depuis long-temps fait connaître par des travaux où la grace de l’exécution s’unit à une grande correction de dessin, et ces qualités se retrouvent dans le Napoléon à Fontainebleau qu’il a récemment terminé d’après le tableau de M. Delaroche ; le second, en gravant Pic de la Mirandole d’après le même peintre, a fait preuve d’une habileté extrême : peut-être est-il de tous les jeunes graveurs celui dont on doit espérer le plus.

Si la gravure au burin n’est plus pratiquée en France que par des artistes très distingués, mais sans corrélation évidente de talent, en revanche le procédé de gravure sur bois est devenu pour beaucoup d’autres l’objet d’études approfondies et poursuivies avec ensemble. Ce procédé, antérieur, comme on l’a vu, à la découverte de Finiguerra, avait été, sinon abandonné, du moins fort négligé à partir du milieu du XVIe siècle. On l’employait encore en France et dans les pays étrangers, en Allemagne surtout, pour orner les livres de science et les livres d’église ; mais en général, depuis Albert Dürer et Holbein, la gravure en relief avait occupé les artisans plutôt que les artistes. De chute en chute, elle était devenue un accessoire des produits infimes de l’imprimerie, et ne servait plus, il y a soixante ans, qu’à la représentation grossière des sujets de complainte et des prophéties d’almanach. Les Anglais ayant commencé à la tirer de cet état d’abaissement vers la fin du règne de George III, quelques-unes des nouvelles estampes sur bois pénétrèrent en France à l’époque où tout ce qui provenait de Londres captivait l’attention de notre école. Par entraînement d’abord, le procédé se trouva remis en honneur parmi nous ; puis l’expérience en fit mieux apprécier les ressources, et, le goût des ouvrages illustrés se répandant de plus en plus, la gravure sur bois atteignit à un degré de perfection que ne pouvaient faire pressentir ni ses œuvres anciennes ni même les progrès qui avaient marqué sa renaissance. Le frontispice du brevet d’admission à la Highland Society de Londres, frontispice gravé par Thompson et l’un des spécimens du genre les plus admirés il y a peu d’années, ne soutiendrait pas la comparaison avec les planches d’une exécution si achevée qui ornent diverses publications récentes : Gil Blas, Paul et Virginie, etc., et, en dernier lieu, l’Histoire des Peintres, l’un des recueils de gravures sur bois les plus satisfaisans sous le double rapport de l’énergie et de la suavité du ton.

À peu près à l’époque où la gravure sur bois commençait à reprendre faveur, une autre gravure occupait quelques-uns de nos artistes,