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juger ; il nous est permis seulement de regretter qu’à cette fidélité possible ne se joigne pas quelque qualité évidente, et nous n’avons pas vu une seule planche publiée aux États-Unis qui ne nous ait inspiré un sentiment semblable.


IV. – ÉCOLE ITALIENNE. — M. TOSCHI : l’Entrée de Henri IV d’après Gérard, la Madone à l’Ecuelle d’après Corrège. — M. MERCURJ : les Moissonneurs d’après Robert. — M. CALAMATTA : le Voeu de Louis XIII d’aprés M. Ingres.

Lorsque les estampes gravées à Londres se furent répandues en Europe, elles éveillèrent bientôt l’esprit d’imitation. En France et en Allemagne, quelques artistes se passionnèrent pour la manière anglaise, et cherchèrent d’abord à se l’assimiler ; il en fut tout autrement en Italie. On commençait à y remettre en honneur, sinon les principes anciens, au moins les anciens modèles, et il était difficile qu’avec de pareilles inclinations on se laissât influencer par les exemples de l’art étranger. Les graveurs italiens de la fin du siècle dernier et du commencement de celui-ci ont eu, à défaut d’autre mérite, celui de ramener l’école de leur pays à l’étude des grands maîtres. Depuis Volpato et Morghen, on a peu gravé d’après les contemporains, et maintenant encore ce sont les peintures de la belle époque qu’au-delà des monts on s’attache surtout à reproduire. Après avoir langui si long-temps, l’art de Marc-Antoine semble recouvrer la vie. Tandis qu’on voit disparaître les talens qui honoraient, il y a peu d’années, la sculpture italienne, et qu’à l’exception peut-être de M. Dupré, de Sienne, aucun statuaire ne semble appelé à prendre la place laissée vacante par la mort de Bartolini ; tandis que les peintres les plus célèbres aujourd’hui à Milan, à Florence, à Rome, sont tout au plus les égaux des peintres français de second ordre, les graveurs se montrent fort supérieurs ’à leurs prédécesseurs directs et les dignes rivaux des graveurs de notre pays. Formés à notre école pour la plupart, ils ont gardé quelque chose de la manière de leurs maîtres, quelque chose aussi de l’ancien style national ; cette alliance des qualités françaises et italiennes se retrouve principalement dans les estampes de M. Toschi.

M. Toschi occupe à Parme une position considérable. Directeur du musée, dont il a créé ou enrichi les collections avec autant de zèle que de goût, chef d’un atelier fréquenté par de nombreux élèves, il est peut-être de tous les graveurs italiens celui qui de nos jours exerce sur les jeunes artistes le plus d’influence. Plusieurs villes de la Lombardie, de la Toscane, des états pontificaux et du royaume de Naples ont chacune leur académie des beaux-arts, et par conséquent des professeurs ; mais les enseignemens que reçoivent les élèves manquent quelquefois d’autorité : il en résulte beaucoup d’hésitation chez les uns, peu de confiance et de progrès chez les autres. M. Toschi, au contraire,